Rencontre associative




 
L’association des parents des élèves de l’école portugaise de Diekirch compte parmi les plus anciennes associations de culture portugaise du Luxembourg. Voilà près d’une trentaine d’années qu’elle s’engage tout particulièrement sur la transmission de la langue et de la culture portugaise aux enfants. Nous avons rencontré Teresa Fernandes de Carvalho, Angelo Moura de Carvalho et Antonio Valente, respectivement trésorière, vice-président et président de l’asbl.

En quelle année, l’association a-t-elle été créée ?
Angelo Moura de Carvalho :  Les statuts de l’asbl ont été enregistrés le 31 mai 1986. Nous sommes actuellement deux à être membres du conseil d’administration depuis sa création, Etelvina Freitas et moi-même. L’asbl a été constituée pour soutenir l’organisation de cours « parallèles » de langue portugaise* pour nos enfants à Diekirch. La même démarche a été initiée à Ettelbruck. A l’époque, il y avait un professeur pour tout le nord du pays.

Combien y avait-il d’élèves ?
Teresa Fernandes de Carvalho : Environ une centaine d’élèves venaient non seulement de Diekirch mais également d’autres communes, comme de Troisvierges ou de Wiltz. J’ai 44 ans et j’ai suivi les cours parallèles. Je dois dire qu’on a beaucoup appris. Ce n’était pas facile car mes camarades de l’école primaire allaient à la danse, au sport et moi pendant ce temps, j’étais en cours de portugais, quatre heures par semaine.

Quel a été le rôle de cette association de parents d’élèves ?
Angelo Moura de Carvalho : Au départ, les cours avaient lieu à l’école de musique et pour nous c’était important qu’ils se déroulent à l’école primaire. C’était la première chose que nous avons défendue auprès de la commune. Ensuite en tant qu’association, nous nous sommes chargés de la commande des livres pour les enfants. Ce que nous faisons toujours aujourd’hui, à la différence qu’à l’époque nous les offrions. Par la suite, cela n’a plus été possible alors nous avons mis en place une bibliothèque.

Teresa Fernandes de Carvalho :  L’association a participé à de nombreuses festivités. On défilait avec un cortège de coqs géants à la Cavalcade de Diekirch, à la fête des fleurs de Wiltz, la Sprangprocessioun d’Echternach, à Esch/Alzette et même en Allemagne. A l’époque, il n’y avait pas autant d’associations portugaises qu’aujourd’hui et nous étions souvent sollicités. Pour le 10 juin, jour de la fête nationale portugaise, on organisait une grande fête à Diekirch avec des jeux traditionnels portugais, des tournois de football ; les
poèmes et dessins des enfants étaient exposés. L’objectif était de faire connaître et valoriser la culture portugaise mais surtout de la transmettre aux enfants.

Transmettre la langue, la culture portugaise aux enfants tout en s’inscrivant dans la vie culturelle locale…
Angelo Moura de Carvalho : Oui, nous avons toujours été invités par la commune à participer à la Cavalcade ou à la fête nationale.

Teresa Fernandes de Carvalho : Je voudrais évoquer la mémoire de Monsieur Antonio Marques Marinho, membre fondateur et premier président de l’association. C’était une personne remarquable, un Portugais de la génération de mon père. Il était super intégré avec les Luxembourgeois.

Les objectifs de votre association sont-ils toujours les mêmes aujourd’hui ?
Antonio Valente : Nous accordons toujours autant d’importance aux cours de langue portugaise. Il y a une dizaine d’années, nous avons connu une augmentation du nombre d’inscrits du fait de l’ouverture des cours aux élèves du secondaire. Malheureusement, depuis que les autorités portugaises ont imposé le paiement de propinas**, la fréquentation a chuté. Il s’agit de frais d’inscription demandés en principe à l’université au Portugal et en aucun cas au niveau du primaire ou du secondaire. La conséquence a été une baisse de fréquentation pour tout le Luxembourg, surtout au centre et au sud du pays. A Mersch, il n’y a plus de cours. Au nord, nous avons été moins touchés.

Avez-vous un moyen d’agir à ce niveau ?
Antonio Valente : C’est difficile car les cours dépendent du Ministère de l’Education Nationale du Portugal. J’ai eu l’occasion de rencontrer le Ministre et j’ai évoqué avec lui ce problème ainsi que d’autres dysfonctionnements administratifs, mais rien n’a changé jusqu’à aujourd’hui.

Par contre, ce qui semble toujours aussi positif c’est votre énergie à proposer aux élèves une palette de projets…
Antonio Valente : Certaines activités rythment l’année, comme notre traditionnelle fête de fin d’année scolaire avec la remise des diplômes ou les excursions et petites visites d’études.  Nous essayons aussi de proposer ponctuellement à l’enseignante des intervenants extérieurs. Nous avons pris contact avec le réalisateur Mauro Almeida Cabral pour une future rencontre autour son documentaire Filhos da Lua sur les Yanomami en Amazonie brésilienne.

Teresa Fernandes de Carvalho : Nous avons également des activités pour les parents et grands-parents, comme les cours d’informatique en portugais pour leur permettre de se familiariser avec internet et surtout de communiquer à distance.

Antonio Valente : Une autre composante importante de notre association c’est la convivialité, que nous voulons montrer notamment à travers la cuisine portugaise. Notre association représente depuis plus de vingt ans la cuisine portugaise du Festival des migrations, des cultures et de la citoyenneté. Cette année, nous étions 27 personnes à travailler dans cette cuisine.

Teresa Fernandes de Carvalho : Le 11 avril dernier, nous avions organisé un dîner concert fado pour réunir les parents, les enfants, les amis. L’association avait préparé le  repas. Nous sommes une bonne équipe, bien organisée. La chanteuse de fado venait du Portugal. C’était vraiment une belle soirée même si nous étions un peu déçus qu’il n’y ait pas plus de monde de Diekirch.

Avez-vous des collaborations avec d’autres associations ou organisations ?
Antonio Valente : Nous sommes en contact avec l’Associaçao de pais de Ettelbruck ainsi qu’avec les institutions portugaises : l’Ambassade du Portugal, l’Instituto Camões, le Consulat portugais qui a une permanence dans nos locaux pour la délivrance des cartes d’identité et passeports. C’est vrai que nous avons de bonnes collaborations, beaucoup d’énergie pour des projets, mais nous sommes cependant aussi confrontés à des difficultés financières car nous ne percevons aucun subside. Alors nous essayons de trouver des sponsors privés. La commune de Diekirch met à notre disposition une salle et nous en sommes bien sûr très heureux.
Propos recueillis par Claudine Scherrer

*Les cours « parallèles » se déroulent en dehors du cadre scolaire et se distinguent des cours en langue portugaise « intégrés » dans l’horaire et le programme de l’école primaire.
**Frais d’inscription qui s’élèvent à 100 euros pour un enfant et 80 par enfant pour une famille de deux enfants.

APEPD - Association des parents des élèves de l’école portugaise de Diekirch
BP 120 L-9202 Diekirch
Contact mail : valmila@pt.lu


Commentaires

Articles les plus consultés