Crises des identités et nécéssité du dialogue interculturel
La mondialisation, accélérée ces dernières décennies avec la démocratisation des moyens de communication et de transport, la progression rapide des idées et des sciences, la prédominance de la culture occidentale dans les échanges, a provoqué un certain repli de nos sociétés contemporaines et l’intensification de la peur de « l’autre », de la perte d’identité. Une perte de sens et de repères approfondie par des démocraties qui ne sont plus porteuses d’un projet politique qui ancre ses principes dans des réalités concrètes.
Ces
peurs sont palpables dans les actes terroristes de l’islamisme radical. Les
attentats de Paris, du Kenya, plus récemment en Tunisie, ont démontré une fois
de plus que des ruptures idéologiques, religieuses, spirituelles, déchiraient
le monde. Elles sont tangibles également dans l’essor des nationalismes et dans
les blocages successifs concernant les politiques migratoires européennes, avec
ce que l’on peut appeler la « crise des réfugiés ». Au Luxembourg, la
victoire écrasante du non à l’ouverture du droit de vote aux résidents de
nationalité étrangère lors de la consultation populaire du 7 juin participe
également d’une certaine crispation identitaire, notamment linguistique.
Les
débats entendus aujourd’hui autour des identités tendent à enfermer chaque
individu dans une même unité de références, figée, statique, souvent définie
selon l’origine géographique, nationale ou religieuse. L’existence de
communautés étrangères renvoie souvent dans cette perspective à l’image d’une
identité exogène, autre, difficilement compatible avec les valeurs portées par
les sociétés européennes. Tant que l’identité n’est pas perçue comme constituée
par de multiples références, comme une invitation à partager l’individualité de
chacun, comme une rencontre, aucun projet de société qui inscrit l’ensemble des
résidents en son sein ne pourra se faire.
Depuis
de nombreuses années, le Clae s’investit dans les liens qui unissent les
résidents du Luxembourg ainsi que sur les métissages culturels créés par ces
liens. Ce sont ces relations, inscrites dans des histoires, mémoires et
cultures partagées, qui pourront
forger demain une société unie, dans un pays qui considère chacun de ses
habitants comme un citoyen à part entière. Dans cette perspective, les
questions de valorisation culturelle, de citoyenneté de résidence et de droit
du sol restent fondamentales dans la manière dont nous envisageons notre
devenir commun au sein d’une démocratie moderne fondée sur le principe d’égalité.
Dans cette optique, l’Assemblée
Générale du Clae réunie le 2 juillet 2015 s’engage
- à
rester attentive à la gestion de la « crise des réfugiés » par la
présidence Luxembourgeoise du Conseil de l’UE. Renforcer la mission de
surveillance des frontières de l’Europe – même si les opérations de sauvetages
sont élargies – n’est pas une réponse adéquate. Les dirigeants européens, qui
se refusent à ouvrir des routes légales d’immigration par crainte d’un
« appel d’air » à destination des candidats à l’immigration souffrent
d’un manque de solidarité qui se reflète notamment dans l’abandon des quotas de
réinstallation des réfugiés au sein des pays de l’UE
- à
continuer à œuvrer en faveur du dialogue interculturel, du métissage culturel
et de la valorisation des cultures présentes au Luxembourg dans le but de
dépasser toute crispation identitaire et permettre au Luxembourg de construire
un devenir commun.
- à
agir pour une meilleure participation et inscription des résidents de
nationalité étrangère dans la société luxembourgeoise, tant au niveau culturel,
social que politique. Les résultats du référendum nous ont montré que la voie à
suivre les prochaines années serait l’acquisition de la nationalité
luxembourgeoise. Le Clae ne s’est jamais positionné dans l’intérêt exclusif des
étrangers mais pour celui de la société dans son ensemble. Nous souhaitons que
dans un avenir proche un consensus sociétal soit trouvé dans la facilitation de
l’accès à la nationalité luxembourgeoise et dans l’extension du droit du sol.
- à
militer sur toutes les questions liées à l’égalité dans la société ; nous
continuerons en tant que plateforme d’associations issues de l’immigration, à
nous engager pour que toutes les questions liées à l’accueil, aux inégalités
socio-économiques, au logement, à l’éducation puissent trouver un écho et une
réponse au sein de la société civile et du monde politique.
En
défendant un projet politique fort et en renforçant leur indépendance
financière, les représentants nouvellement élus s’engageront à renforcer la
voix politique des associations issues de l’immigration qui composent la
plateforme du Clae.
Résolution adoptée par l'Assemblée Générale du Clae, 02 juillet 2015
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