Discours d’ouverture du 32e Festival des migrations, des cultures et de la citoyenneté, CLAE, Luxembourg, 2015


Photo René Scho


Altesses Royales,
Monsieur Le Président de la Chambre des Députés
Monsieur le Premier Ministre,
Madame le ministre de la Famille et de l’intégration,
Monsieur l’échevin de la ville de Luxembourg
Honorables députés du Luxembourg, Monsieur le Député Gonçalves du Parlement Portugais,
Madame La vice-présidente du Conseil Régional de Lorraine
Excellences, Messieurs les représentants des Confessions religieuses reconnues au Luxembourg
Mesdames, Messieurs,
Cher-e-s amies

J’ai le plaisir de déclarer ouvert la 32e édition du Festival des migrations, des cultures et de la citoyenneté, qui, grâce à la dynamique associative, accueille cette année près de 400 stands, un véritable record. Une centaine d’écrivains, 35 artistes peintres et plasticiens nous font également l’honneur de leur présence au 15e Salon du livre et des cultures du Luxembourg et à la 3e édition d’Artsmanif.
Nous sommes fiers que le Festival s’inscrive comme l’un des moments incontournables de la vie sociale, politique et culturelle de notre pays, même si nous regrettons toujours le manque de soutien au Salon du livre, qui, tel un grand bateau ne pouvant accoster au ponton officiel, est contraint d’aborder les petites criques comme le font les bateaux « corsaires ».
Altesses Royales, Mesdames, Messieurs.
Dans un peu moins de trois mois, le 7 juin, les citoyens Luxembourgeois devront se prononcer sur l’ouverture du droit de vote aux citoyens de nationalité étrangère.
Si ce vote référendaire n’est pas contraignant pour le Gouvernement, il sera cependant le reflet de notre société et présagera sa manière d’appréhender son futur.
Accorder le droit de vote aux résidents du Luxembourg, permettre l’inscription de chacun dans le devenir commun, ouvrira une nouvelle perspective pour faire société ensemble.
Nous sommes convaincus qu’un « oui » permettrait de renforcer la légitimité du système représentatif et d’assurer une meilleure représentation de l’ensemble de la population. Il permettrait de réaffirmer de manière réelle et symbolique le principe d’égalité qui fait qu’une société puisse se penser et envisager le futur tout en donnant une nouvelle dynamique au débat démocratique.
Le droit de vote des citoyens de nationalité étrangère n’est cependant pas le seul défi auquel est confronté le Luxembourg.
 Depuis quelques années, le Luxembourg accueille une immigration de plus en plus nombreuse, aux profils sociaux et culturels de plus en plus variés.
De nouvelles migrations arrivent des pays du Sud de l’Europe, mais aussi des pays en guerre ou de pays où la situation humanitaire est critique.
Toutes ces personnes recomposent elles aussi la société luxembourgeoise et l’accueil que nous en faisons est primordial.
Dire qu’il est plus difficile de s’installer au Luxembourg aujourd’hui qu’hier ne surprendra personne. La pression sur le monde du travail est grande, les logements rares et chers, la crise économique a renforcé les inégalités sociales.
Altesses Royales, Mesdames, Messieurs,
Depuis sa création, en 1985, il y a donc tout juste 30 ans, le Clae est attentif à ces questions et nous constatons que nombre de personnes éprouvent des difficultés dans leur installation, que ce soit au niveau administratif, dans l’accès aux soins de santé ou aux services publics, dans la recherche d’un emploi ou d’un logement.
La politique d’accueil, de soutien, d’information et d’orientation pour les personnes récemment installées, les demandeurs de protection internationale et les réfugiés, doit être renforcée.
Le Luxembourg prendra dans quelques semaines la présidence du Conseil européen.
Nous n’avons qu’un seul vœu. Enfin, nous en avons beaucoup, mais un en particulier : que des hommes et des femmes cessent de mourir aux portes de l’Europe. Que le Luxembourg engage l’Europe dans une volonté ferme non pas de protéger ses frontières mais de protéger les êtres humains et de les sauver du naufrage. Une mission que ne remplit pas l’opération Triton, mise en place il y a quelques mois par l’Union Européenne sous l’égide de l’agence Frontex.
Cette année a également été promulguée Année européenne pour le développement.
Une des façons les plus rationnelles d’éviter que des personnes perdent leur vie pour un hypothétique eldorado serait qu’elles puissent vivre dignement dans leur pays. Et pour cela l’aide européenne, qu’elle soit institutionnelle ou qu’elle provienne des personnes venues en migration dans nos pays reste primordiale et doit être mieux ciblée.
Altesses Royales, chers invités,
Nous voyons avec crainte un certain repli identitaire et des séparatismes déchirer le monde. La peur de l’autre, ou sa méconnaissance, est un argument porteur pour expliquer les crises qui traversent monde. Rejeter la pensée occidentale ou rejeter l’étranger et ses références culturelles participent des mêmes incompréhensions.
Chaque printemps, le temps d’un week-end, avec ce Festival, nous essayons de dire le monde autrement. Nous pourrions parler de ces amitiés qui se nouent, de ces liens qui se créent. De l’esprit populaire et fraternel du Festival.
Aujourd’hui, nous préférons dire que nous aimons à valoriser la culture luxembourgeoise et ses références multiples.
Tous les projets culturels portés par le Festival montrent à la fois la culture d’origine et la culture du pays d’accueil.
Ce Festival, ce Salon du livre et Artsmanif ne sont-ils pas la manière la plus convaincante pour notre pays de résister au repli sur soi qui traverse nos sociétés, aux nationalismes, aux fondamentalismes religieux, aux mouvements xénophobes ? Le Luxembourg est fort de sa société plurielle et chacun d’entre nous partage son histoire collective.
Grâce aux associations qui s’engagent au Luxembourg, mais aussi dans la Grande région, à l’implication des nombreux bénévoles et salariés qui s’investissent depuis des semaines dans leur organisation et surtout grâce aux nombreux visiteurs qui nous témoignent leur confiance, le Festival des migrations des cultures et de la Citoyenneté, le Salon du livre et des cultures du Luxembourg et Artsmanif, peuvent être une réussite.
Nous vous remercions tous pour votre implication et sommes heureux de vous accueillir le temps d’un week-end, dans cet espace où la convivialité côtoie le débat d’idée, où la littérature, le film documentaire, côtoient des formes de cultures plus traditionnelles ou populaires.
Je tiens à remercier le Ministère de la Famille et de l’Intégration et en particulier l’Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration, même si nous regrettons que l’OLAI ne soit pas présent avec un stand cette année. Je remercie également la Ville de Luxembourg pour son soutien financier et les différents services de la Ville pour leur collaboration et bien évidemment la LuxExpo pour son accueil. Je remercie également les quelques sponsors, pas assez nombreux en vérité, qui nous aident financièrement à réussir cette manifestation.
Malheureusement, le Festival a perdu cette année une partie de son subside. Nous nous permettrons, Monsieur le Premier ministre, Madame la ministre, de revenir vers les autorités après le Festival, car malgré tous nos efforts, les subsides octroyés sont insuffisants pour pérenniser notre manifestation. 
Permettez moi en dernier quelques mots personnels. Je remercie du fond du cœur toutes ces personnes, ces amis, ces militants bénévoles si nombreux, plus de 300, qui font le Festival. Merci pour votre travail, car vous êtes aussi et surtout le Festival, pour certains depuis plus de 30 ans. Merci également à tous ceux qui ont aidé le Festival pendant des années et qui maintenant pour des raisons d’âge ou de santé viennent comme visiteurs tout en dispensant des conseils à la nouvelle génération.
Une pensée émue également à ceux qui nous ont quitté et qui font partie de notre histoire collective du Festival : Antonio, Gigi, Giovanni, …

Altesses Royales,
Votre présence aujourd’hui parmi nous honore nous militants bénévoles du Clae comme elle honore tous les autres bénévoles des autres associations et structures participantes qui sont derrière leur stand ou sur la scène.  Elle honore aussi tous nos invités qui sont dans le Salon du Livre ou à Artmanif.
Merci beaucoup, malgré vos multiples engagements, d’être aujourd’hui parmi nous.
Je remercie également mes collègues et amis du Comité exécutif du Clae qui m’ont proposé de prononcer ce discours.
C’est certainement mon cadeau de départ en retraite vu que dans quelques mois j’abandonne la direction du Clae après 25 ans pour redevenir un militant anonyme comme tant d’autres.
Je souhaite un bon travail à ceux qui me remplaceront à la direction du Clae : Anita et Jean-Philippe ainsi qu’à toute l’équipe avec qui j’ai eu tant de plaisir à travailler : Claudine qui est là depuis les débuts du Clae, mais aussi Bashkim, Orlando, Kristel, Véronique, Valérie, Lucia, Marion, Patricia et Carlos - une très belle équipe motivée et compétente.
 À toutes et à tous je souhaite beaucoup de courage et un bon travail.
Je vous remercie de votre attention.
Je vous convie, après les allocutions de Monsieur Xavier Bettel, Premier ministre, de Madame Corinne Cahen, ministre de la Famille et de l’Intégration et de monsieur Patrick Goldschmidt, Echevin de la ville de Luxembourg, au vin d’honneur offert par la Ville de Luxembourg et par le Clae qui se tiendra  derrière vous, tout au fond dans le Salon du Livre.
Mais avant le vin d’honneur nous accompagnerons LL.AA.RR. dans un petit tour des stands qui se terminera dans le Salon du Livre à côté de deux très belles expositions, très parlantes sur la situation des demandeurs d’asile en Afrique et en Europe que je vous invite également à découvrir et à apprécier.

CLAE - 14 mars 2015

Commentaires

Articles les plus consultés