« Cette fois-ci c’est différent » ?
Les récentes élections européennes ont montré les limites et l’incompréhension des citoyens pour le projet européen tel que nous le connaissons actuellement. Le faible taux de participation dans tous les pays, et en particulier dans ceux ayant récemment adhéré à l’Union européenne, ainsi que les scores importants réalisés, dans de nombreux pays, par les partis d’extrême droite doivent nous interpeler et induire une réflexion approfondie au sein des instances européennes et nationales.
Le projet européen est en perte de vitesse. Certes les
acquis de l’Union européenne sont importants : la liberté de circulation, les
règlements de sécurité sociale, la monnaie unique etc. Mais, depuis de nombreuses années, les
dirigeants européens peinent à insuffler de l’enthousiasme et une vision
commune de la construction européenne à leurs citoyens. La crise économique et
financière qui a durement frappé l’ensemble des pays de l’Union et plus
particulièrement ceux du sud, a montré au grand jour que l’Europe de la
solidarité et du partage n’existe pas encore et que nous sommes encore très
loin d’une vraie communauté de destins.
« Cette fois-ci c’est différent » est un des nombreux
slogans qui auraient dû inciter les électeurs européens à participer au vote.
Ce slogan, comme d’autres, faisait référence aux nouveaux pouvoirs du Parlement
européen. Toutes les familles politiques avaient désigné leur candidat au siège
de la présidence de la Commission européenne, en cas de victoire électorale. Le
Parti Populaire Européen étant devenu le groupe majoritaire au Parlement, il
était logique que, dans le respect des décisions des électeurs et des accords
entre les grandes familles politiques, le candidat du PPE, Jean-Claude Juncker,
notre ancien premier Ministre, soit considéré comme le candidat naturel au
siège de Président de la Commission européenne. Or, dès le lendemain des
élections, de nombreux chefs d’Etat se sont prononcés contre cette procédure
(et contre le candidat désigné) car cela aurait donné trop de pouvoir au
Parlement et que le candidat désigné avait, selon eux, une vision très fédéraliste de
l’Europe. Il s’en est fallu de très peu pour que cette procédure démocratique
soit anéantie en infligeant ainsi un nouveau camouflet aux électeurs.
Jean-Claude Juncker sera bientôt, dès que les députés
européens lui auront accordé leur confiance, le nouveau chef de l’exécutif
européen. Nous lui souhaitons un très bon travail tout en lui rappelant que
l’Union européenne affronte une crise de légitimité sans précédent. L’Europe
doit se repenser et non plus s’imposer du haut. Elle qui peine tant à écouter
ses citoyens et leurs craintes face à la mondialisation, l’évolution parfois
trop rapide de nos sociétés – tant technologique que philosophique,
l’accroissement des inégalités et de la pauvreté doit désormais replacer le
citoyen au cœur de son action et redéfinir son modèle de société.
Franco Barilozzi
Le 08 juillet 2014
In Horizon n°125, juillet 2014
Le 08 juillet 2014
In Horizon n°125, juillet 2014
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