Des défis et des réformes
Si chaque élection législative
apporte son lot de nouveautés, de propositions de changement, mais aussi
d’espoirs pour une population de plus en plus éloignée des questions politiques
tant elle est préoccupée par son quotidien, les élections du 20 octobre dernier
ont apporté un changement fondamental dans le paysage politique du pays. Avec
l’accès au pouvoir d’une coalition à trois – DP, LSAP et Déi Gréng – c’est une
configuration politique inédite qui s’installe aux commandes du pays, renvoyant
le CSV, au pouvoir depuis des décennies, dans l’opposition.
Au regard de la morosité
économique et sociale, les défis sont nombreux, tant au niveau national
qu’international. Cette nouvelle coalition sera-t-elle en mesure d’apporter les réponses nécessaires
quant à la diversification économique et à la résorption du chômage ?
Pourra-t-elle mener à son terme une réforme scolaire où prédominera l’égalité
des chances pour chaque élève ? Pourra-t-elle surmonter la crise que nous
endurons depuis plusieurs années sans démanteler l’Etat social ?
Arrivera-t-elle à faire entendre sa voix sur l’échiquier européen alors que la
construction européenne est au point mort ? Le Luxembourg pourra-t-il insuffler
une nouvelle vision de l’Europe où priment la dimension sociale, humaine, et la
solidarité entre les différents Etats ?
La volonté de cette nouvelle
coalition pour apporter des réponses aux questions de citoyenneté et de justice
sociale ne peut que nous réjouir. Le premier geste du nouveau gouvernement de
faire voter très rapidement la réforme de la loi électorale pour les élections
européennes, qui permet à tout ressortissant européen de s’inscrire sur la
liste électorale européenne sans clause de résidence, est un signe encourageant
de la détermination du gouvernement d’assurer une meilleure participation de
tous les citoyens du Luxembourg. Certes, cette réforme était déjà sur les
rails avec l’ancienne majorité,
mais la rapidité avec laquelle elle a été votée par la Chambre des Députés nous
permet bien des espoirs pour les reformes à venir.
Or, des réformes sociétales, le
pays et sa population en ont bien besoin. La première à mettre en route,
probablement la plus symbolique, est l’accès à la nationalité luxembourgeoise.
C’est une réforme qui économiquement ne coûte rien mais dont la portée
symbolique est considérable pour l’avenir du pays. Réduire les délais pour
accéder à la nationalité, réduire les prérequis linguistiques, introduire le
droit du sol simple pour tout enfant né au Luxembourg et dont un des parents y
réside légalement sont certaines des avancées promises lors de la campagne
électorale des trois partis.
Notre pays dépend grandement de
l’immigration. Sa société est de plus en plus socialement et culturellement
métissée. Le Luxembourg ne peut
faire l’impasse sur l’accueil, l’orientation, l’information pour les citoyens
résident au Luxembourg ou qui viennent de s’y établir. Accueil veut aussi dire
accès au travail, création d’entreprises, accès au logement, scolarité des
enfants. Ce sont des questions transversales sur lesquelles ce nouveau
gouvernement ainsi que la Chambre des Députés sont appelés à travailler et à
légiférer en tenant compte de la réalité du pays, de ses besoins et en
déconstruisant les crispations identitaires qui, souvent, sont la résultante de
droit et de privilèges acquis. C’est sur les réformes de société que cette
nouvelle configuration politique à la tête du pays jouera sa crédibilité.
Le Clae restera attentif,
apportera son expérience, sa connaissance du terrain et des besoins exprimés
par de nombreux citoyens pour faire évoluer les dispositions législatives.
Franco Barilozzi
In Horizon n°122, janvier 2014
In Horizon n°122, janvier 2014
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