Les étrangers, un enjeu électoral ?
Les
élections législatives du 20 octobre prochain soulèvent un certain nombre de
questions pour ceux qui, tout en vivant et travaillant dans le pays, ne
pourront pas y participer. Ces questions ne concernent certes pas le processus
– inhabituel pour le Luxembourg – qui a conduit à ces élections anticipées,
mais surtout le fait que toute une frange de la population du pays y assistera
sans avoir un quelconque mot à dire. Le pays compte en effet presque 50% de
résidents de nationalité étrangère qui, par leur travail, leur esprit
d’entreprise, leurs investissements dans l’économie et dans la société
concourent à la richesse et au développement du Luxembourg. Certes,
l’assouplissement de l’acquisition de la nationalité luxembourgeoise a permis à
une petite partie d’entre eux –
environ 10.000 – de devenir électeur, mais il ne s’agit là que d’une infime
partie d’un électorat potentiel.
Cette
situation, indigne d’une démocratie moderne, devrait questionner les hommes et
les femmes politiques candidat-e-s aux élections du 20 octobre. Or, cette
problématique semble être oubliée par les programmes électoraux à l’exception, pour le moment, de celui
de Déi Lénk. Nous espérons que les raisons de cet oubli relèvent avant tout du
manque de temps de préparation pour ces échéances d’octobre.
Il
nous semble en effet que les dépliants électoraux s’attachent davantage à
visualiser les candidats des différents partis qu’à présenter les contenus de
leur programme. Dans ces bribes de contenus, les questions liées à
l’immigration, à la participation politique d’une grande partie de la
population sont absentes. Il faut espérer qu’elles soient abordées dans les
semaines à venir, lorsque les programmes seront rendus publics, dans un esprit
d’ouverture par toutes les formations politiques. C’est la raison pour
laquelle, le Clae a invité les partis politiques candidats, le 03 octobre à
18h30, à débattre des différentes questions d’immigration et de participation
citoyenne.
Par
ailleurs, l’autre question qui nous interpelle fortement est celle de la
communication des différents partis qui se fait, pour le moment,
majoritairement en langue luxembourgeoise qui est certainement la langue
nationale et la langue des électeurs. Les laissés pour compte de la
participation politique devraient, à défaut de pouvoir participer aux
élections, avoir le droit à l’information quant aux programmes politiques des
partis, à leur vision pour l’avenir du pays auquel ils appartiennent également.
D’autant que ces partis politiques bénéficient d’un financement public alimenté
par les impôts de toute la population.
La
législature qui s’achève aura permis une nouvelle loi électorale avec une
participation de tous les citoyens au niveau local ainsi qu’un projet de loi
sur la nationalité qui améliore la loi de 2008 en facilitant l’acquisition de
la nationalité, projet de loi qui n’aura pas eu le temps d’être voté. Nous
espérons que le prochain parlement et futur gouvernement auront le courage et
la volonté politique d’élargir encore ces dispositions politiques et qu’ils
travailleront à la mise en œuvre d’une citoyenneté de résidence qui induit
l’égalité comme condition première de la vie en commun.
Au-delà
des élections législatives du 20 octobre, d’autres élections se préparent : les
élections sociales du 13 novembre. La participation aux élections pour les
Chambres professionnelles a été acquise il y a une vingtaine d’années à
l’initiative du mouvement associatif de l’époque. Mais, malheureusement, il
faut constater que les salariés et retraités résidents et frontaliers, ne
participent que trop faiblement aux élections de la Chambre des salariés dont
l’action permet pourtant de
participer quelque peu au processus législatif. La Chambre défend les intérêts
de tous à travers ses activités, qu’elles soient formatives, aux seins des
institutions de la sécurité sociale ou encore en intervenant dans le processus
législatif.
Le
Clae qui, avec d’autres, a lutté pour obtenir ce droit de participation invite
donc le monde associatif à devenir
actif pour sensibiliser tous les citoyens et améliorer le taux de participation aux élections
sociales. Il est dans l’intérêt des salariés, des retraités, des frontaliers de
remplir le bulletin de vote et de le renvoyer au bureau électoral afin d’avoir
une Chambre des Salariés encore plus représentative.
Franco
Barilozzi, Directeur
du Clae
(In Horizon n°120, septembre 2013)
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