Politique européenne d'immigration
Aldémar Ibrahimovic (Monténégro) |
Chacun pour soi et Frontex pour tous !
L’été se termine, les vacanciers ont retrouvé leur poste de travail, les
chantiers de construction ont repris, les enfants se préparent à la rentrée
scolaire… C’est le retour à une certaine normalité pour le Luxembourg qui ne
semble pas encore avoir été pleinement atteint par la crise économique qui
frappe si durement les pays du sud comme la Grèce, l’Espagne, l’Italie ou
encore le Portugal. Bon nombre de familles n’y ont plus de travail, plus de
ressources, perdent parfois leur logement. Des pays où les jeunes sont
cruellement touchés par le chômage dont les taux atteignent 50% dans certaines
régions. Ces populations ne demandent qu’à avoir une vie « normale » c’est-à-dire
un travail, un logement, un avenir pour leurs enfants. Au cours du XXe
siècle, les pays du sud de l’Europe sont passés du statut de pays d’émigration à celui de pays d’immigration. Aujourd’hui, ils se retrouvent à la fois pays d’émigration et pays d’immigration.
Les journaux nous disent tous les jours que c’est la faute à la crise économique,
à la spéculation financière qui s’attaque à des pays qui ont un déficit public
trop élevé et dont les dirigeants n’arrivent pas à rassurer « les marchés ».
Mais, de plus en plus de voix s’élèvent pour rendre l’euro responsable et prôner
un retour aux monnaies nationales. S’il faut nommer des responsables, les
dirigeants européens ont très certainement leur part de responsabilité. Ils n’ont
pas su faire preuve de solidarité entre eux, comme il se devrait au sein d’une
vraie Union. Ils laissent ressurgir les égoïsmes nationaux sans les combattre. Ils
ont oublié la vision de cette Europe qui ne se limitait pas à une simple union
douanière, mais qui se voulait une vraie communauté de destins.
La politique européenne d’immigration est le chacun pour soi et Frontex pour tous ! Elle est un bel exemple de
myopie, d’égoïsme et de gaspillage des finances publiques. Combien coûte l’agence
Frontex qui devrait soi-disant protéger les
frontières européennes de l’immigration « clandestine » ? Combien coûtent les
dispositifs administratifs qui règlent l’accès au territoire, l’accès à l’emploi,
les procédures de réunification familiale ? Combien coûtent les dispositifs qui
règlent le droit d’asile, le logement des demandeurs d’asile, les Centres de rétention,
les expulsions ? Nos dirigeants nationaux et européens ont ils seulement pensé à
chiffrer les ressources englouties par ces politiques répressives ?
Apportent-elles quelque chose de positif à nos sociétés ? Non, elles enrichissent
les traficants d’êtres humains et coûtent la vie à des milliers de personnes
chaque année.
Personne, ni les barrières bureaucratiques, ni les murs, ni les barbelés
ne pourront arrêter des personnes qui veulent simplement un avenir meilleur
pour eux-mêmes et leur famille.
Quand viendra-t-il le temps d’une politique d’immigration plus
solidaire, une politique basée sur le respect des personnes et non sur leur
utilisation économique ? Quand viendra-t-il le temps d’une politique de co-développement basée sur les besoins des personnes,
respectueuse des traditions sociales et culturelles et non livrée aux intérêts économiques
des multinationales et aux égoïsmes des Etats ?
L’été se termine aussi au Luxembourg sur ces expulsions de familles de
demandeurs d’asile, de familles sans papier renvoyées à une vie sans
perspectives. Que dire de cette pétition à l’encontre de la présence de
demandeurs d’asile au centre du village de Junglinster ? Beaucoup de préjugés
sont à déconstruire, de peurs à dénouer. Prenons garde de ne pas perdre notre
humanité, notre solidarité.
Franco Barilozzi
Editorial, bulletin Horizon n°114, septembre 2012
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