Faire société ensemble

Il y a quelques semaines, le Clae a présenté les actes du 7e Congrès des associations issues de l’immigration, fruit du travail réalisé par les associations en novembre dernier. Ces actes, que nous avons intitulés « Faire société ensemble », reflètent la philosophie qui guide les actions du Clae et du mouvement associatif qui le compose depuis sa création en 1985. Nous souhaitons que ces réflexions inspirent l’action des responsables politiques du pays. Les résolutions issues des congrès successifs du Clae ont toujours ont toujours été innovantes et souvent reprises, parfois des années plus tard, par des dispositions législatives. La présentation publique de cet ouvrage a occasionné de nombreux messages et commentaires. Presque tous se focalisaient sur la langue luxembourgeoise ou la nationalité comme sources de droits. Or, la citoyenneté que le Clae défend se fonde sur la résidence. Ce n’est pas en se crispant mais bien en ouvrant progressivement la notion de citoyenneté que le pays pourra se donner une vision d’avenir avec une population qui s’inscrit pleinement sur ce territoire.

Au-delà des mesures de relance économique dont le pays a besoin, cette période de crise que nous traversons pourrait également être mise à profit par notre classe politique pour réfléchir aux dispositions qui permettraient à toutes les composantes de la population de « faire société ensemble ».  Quelques mesures nous semblent prioritaires. En premier lieu, nous citerons l’école, qui doit être réformée afin qu’elle propose les mêmes chances de réussite à tous les enfants du pays. Le Clae demande également une réforme de la loi sur la nationalité réduisant  les critères de résidence, assouplissant ceux relatifs à la connaissance de la langue luxembourgeoise et renforçant le droit du sol. Une troisième priorité est un meilleur accès à la fonction publique des personnes de nationalité étrangère.

Quant à la langue luxembourgeoise, le Clae considère qu’elle est - et restera - une des langues de communication du pays, mais qu’elle ne doit en aucun cas être utilisée à des fins d’exclusion vis-à-vis de personnes qui parlent l’une ou l’autre langue officielle du Luxembourg et qui se considèrent citoyens de ce territoire. Les personnes parlant la langue luxembourgeoise n’ont par ailleurs jamais été aussi nombreuses. La langue n’est qu’une composante de notre identité, qui est constituée de bien d’autres références. Profitons donc aussi de cette période de crise pour déconstruire ces crispations identitaires qui nuisent fortement aux perspectives d’avenir de notre société. 

Nous sommes également heureux de constater que certaines de ces considérations sont désormais partagées par d’autres acteurs de la société civile, telle que la Chambre de commerce, qui, dans le 12e numéro de la revue Actualité & tendances, intitulé « Le rayonnement transfrontalier de l’économie luxembourgeoise : la diversité règne, l’intégration piétine », a considéré l’importante contribution de l’immigration au succès économique du Luxembourg et plaidé pour que cet apport socio-économique soit accompagné de son juste contrepoids politique.

Franco Barilozzi
In Horizon n°112, mai 2012

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