Faire société ensemble
7e Congrès des associations issues de
l’immigration
Résolution finale
Photo Paulo Lobo |
Les 12 et 13 Novembre 2011,
le 7e Congrès des Associations issues de l’immigration s’est réuni à
Luxembourg en présence des représentants de plus de 70 structures, des
représentants du Gouvernement et de nombreux invités du monde politique et
social luxembourgeois. Il a débattu de manière approfondie des questions
relatives à une meilleure inscription des citoyens de nationalité et d'origine étrangère
dans la société luxembourgeoise.
Le congrès, programmé tous
les cinq ans, demeure un temps fort de l'élaboration des revendications et des
propositions du monde associatif face aux politiques nationales et européennes
en matière d'immigration, de citoyenneté et d'asile. Les structures présentes
ont réaffirmé leur volonté de contribuer à la construction d'une société qui
tend à réduire les différences entre les citoyens, une société sans racisme et
discrimination, une société, culturellement métissée, où la reconnaissance des
références culturelles de chacun permet un enrichissement mutuel.
Le Congrès invite les
associations à s’impliquer au sein du CLAE. Ce dernier, conscient des défis que
pose le renouvellement associatif, engagera dès la fin du congrès un processus
de réflexion pour se rendre encore plus réactif aux besoins.
Dans l’immédiat le Congrès considère :
·
Que le Luxembourg et les autres
pays de l’Union européenne doivent ratifier la Convention des Nations Unies sur
la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leur
famille et leur offrir ainsi un socle de droits inaliénables.
·
Que le Grand-Duché a fait des
avancées importantes quant aux législations régissant le droit des citoyens de
nationalité étrangère, mais que de nouvelles dispositions doivent être
envisagées pour garantir la libre circulation effective au sein de l’Union pour
les résidents issus des pays tiers, l’égalité de traitement, et le droit de
vivre en famille. Nous plaidons également pour un accès direct au travail pour
les citoyens des pays entrés récemment au sein de l’Union européenne (Bulgarie,
Roumanie) et pour tous les pays qui adhèreront à l’avenir.
·
Que les États doivent cesser de
criminaliser l’immigration irrégulière et envisager des solutions respectant
l’égale dignité de l’homme.
·
Qu’une politique d’asile doit
s’articuler autour des principes de protection des personnes en recherche
d’assistance, du droit à l’examen dans un délai raisonnable, d’une demande de
protection selon les normes et garanties compatibles avec l’Etat de droit, de
la garantie de droits sociaux, sans expulsion automatique en cas
de refus de statut de réfugié ou d’un autre statut de protection, et avec le
respect du principe du retour volontaire.
·
Qu’une infraction aux règles de
l’immigration et de l’asile ne justifie pas la privation de liberté. La
rétention doit être une mesure exceptionnelle et le Luxembourg doit privilégier
d’autres mesures moins contraignantes.
·
Que toute forme de
discrimination légale concernant l’accès au travail et à la formation doit
disparaître (préférence communautaire, restriction d’accès selon le titre de
séjour, accès à la fonction publique, délais administratif, reconnaissance des
diplômes, autorisation de séjour des étudiants des pays tiers,…). Les députés
européens luxembourgeois doivent également être attentifs à ces
questions : les directives européennes actuelles ou en discussion sont
loin de garantir l’égalité de traitement entre travailleurs.
·
Que la formation
professionnelle continue est devenue un élément essentiel à la qualification
des travailleurs. Par conséquent, chacun, quelque soit sa qualification
initiale et son domaine d’activités doit pouvoir jouir du droit à la formation
continue. L’introduction d’une formation professionnelle avec des filières
francophones complètes s’avère également indispensable.
·
Que si la majorité des élèves
sort de l’école munie d’un diplôme, le système scolaire agit encore comme un
vecteur de reproduction des inégalités sociales et culturelles. L’égalité des
chances et les rééquilibrages linguistiques nécessaires doivent être assurés
afin de combattre le fléau social que représente l’échec scolaire.
·
Que le mécanisme de bourses et
de prêts instaurés par le Gouvernement en juillet 2010 et remplaçant le système
d’allocations familiales pour les enfants de plus de 18 ans ayant terminé leurs
études secondaires est discriminatoire envers les travailleurs frontaliers et
les travailleurs immigrés dont les enfants ne résident pas au Luxembourg. De
plus, nous préconisons un taux d’intérêt de 0% pour les prêts accordés.
·
Que les apports culturels de
l’immigration doivent trouver une place reconnue à l’école, à tous les niveaux,
en tant que patrimoine concernant une partie considérable de sa population et
donc de l’histoire du pays tout entier. La langue maternelle de chaque enfant
est essentielle pour son développement psychologique et son succès scolaire et
doit donc être valorisée.
·
Que la langue luxembourgeoise
ne doit pas devenir un facteur d’exclusion, mais au contraire qu’un
apprentissage facilité pour les personnes de nationalité étrangère, grâce à des
horaires de cours adaptés et une prise en compte du parcours individuel de
chacun, soit gage d’une meilleure égalité des chances.
·
Que la politique culturelle au
Grand-Duché doit reconnaître, notamment par un soutien financier, les
associations issues de l’immigration qui développent des projets et des
programmations représentant les cultures du Luxembourg, que le festival des migrations,
des cultures et de la citoyenneté et le Salon du livre et des culture du
Luxembourg reçoivent enfin une reconnaissance conventionné de la part du
Ministère de la Culture, que les équipements culturels soient accessibles et
mis à disposition des projets culturels présentés par le mouvement associatif
issu de l’immigration, que des conventions culturelles plus nombreuses soient
établies avec des pays dont les cultures sont très actives dans le pays
d’accueil.
·
Que les archives nationales
doivent développer une politique volontariste pour créer des fonds mémoriels
des archives de l’immigration en général et des associations issues de
l’immigration en particulier, que les lieux de mémoires liés aux migrations
soient répertoriés dans le pays et inscrit au patrimoine. Une politique
éditoriale, littéraire, musicale, et muséale liés aux migrations doit être
développée et les artistes mieux soutenus.
·
Que le droit au logement
devrait être inscrit dans la Constitution luxembourgeoise. Le Congrès préconise
une politique volontariste d’accès au logement permettant à chacun d’accéder à
un logement décent à un prix abordable.
·
Qu’une grande partie de la
population âgée issue de l’immigration a peu à peu remplacé son projet de
retour au pays par une retraite au Luxembourg. Qu’il y a lieu de se demander si
les personnes venues en immigration dans les années 50 et 60 pourront accéder
aux maisons de retraite existantes alors que le manque d’information, les
problèmes linguistiques et culturels, ainsi que le coût risquent de devenir des
barrières lourdes à surmonter. Il y a lieu d’examiner la situation en détail.
Le Congrès considère
juste que les citoyens de nationalité étrangère qui résident au Luxembourg, qui
participent et contribuent à la création de la richesse économique et
culturelle du pays soient associés à toutes les prises de décisions politiques,
y compris le droit de vote aux élections législatives, ces dernières engageant
l’avenir de tous les habitants du Grand-Duché de Luxembourg. La Citoyenneté de
résidence permet de faire le lien entre les dimensions juridique, sociale,
culturelle, politique et identitaire. Cette valeur définit l’égalité des droits
entre tous les résidents et permet à tous de négocier un devenir dans un projet
commun, de faire société ensemble.
CLAE
Luxembourg, Novembre 2011
Luxembourg, Novembre 2011
Commentaires
Enregistrer un commentaire