Congrès du CLAE 12 et 13 novembre 2011 (5)
Conditions de vie des personnes issues de
l’immigration : accueil, logement, santé
Document N°5 - CLAE
1. Une politique
d’accueil et d’intégration progressive s’avère nécessaire
2. Contre la pénurie du logement !
2. Contre la pénurie du logement !
3. Le vieillissement
de la population issue de l’immigration
4. Le droit à une santé pour tous
4. Le droit à une santé pour tous
1.
Une politique d’accueil et d’intégration progressive s’avère nécessaire
La Loi du 16
décembre 2008 concernant l’accueil et l’intégration des étrangers au
Grand-duché de Luxembourg précise que l’intégration est une mission que l’Etat,
les communes et la société civile accomplissent en commun. Conformément à cette
idée, un plan d’action national d’intégration et de lutte contre les
discriminations a été établi cherchant à mobiliser l’ensemble des acteurs
intervenant dans le processus d’intégration des étrangers au Grand-Duché de
Luxembourg. Le Plan
d’action national d’intégration et de lutte contre les discriminations
2010-2014 constitue l'instrument de coordination stratégique et
opérationnelle de politiques d'intégration transversales. Echelonné sur cinq
ans, le Plan d’action repose sur les principes directeurs de la politique
d’intégration européenne mettant en évidence l’importance d’une approche
globale de l’intégration.
L’une des mesures « phare » dans la Loi du 16 décembre 2008 concernant l’accueil et l’intégration des étrangers au Grand-Duché de Luxembourg est le Contrat d’Accueil et d’Intégration (CAI). L’Office Luxembourgeois d’Accueil et d’Intégration (Olai) offre désormais à toute personne de nationalité étrangère séjournant légalement au Grand-Duché de Luxembourg et souhaitant s’y maintenir de manière durable la possibilité de signer un contrat d’accueil et d’intégration. Les signataires du contrat doivent être de nationalité étrangère, résider légalement sur le territoire du Grand-Duché et souhaiter s’y maintenir de manière durable. Le contrat est fixé pour une durée de 2 ans, pendant lesquels le signataire s’engage à suivre une formation linguistique en luxembourgeois, allemand ou français, à participer à des cours d'instruction civique et à être présent lors d’une journée d’orientation. Les cours de langues sont proposés à un tarif réduit de 5 euro.
L’une des mesures « phare » dans la Loi du 16 décembre 2008 concernant l’accueil et l’intégration des étrangers au Grand-Duché de Luxembourg est le Contrat d’Accueil et d’Intégration (CAI). L’Office Luxembourgeois d’Accueil et d’Intégration (Olai) offre désormais à toute personne de nationalité étrangère séjournant légalement au Grand-Duché de Luxembourg et souhaitant s’y maintenir de manière durable la possibilité de signer un contrat d’accueil et d’intégration. Les signataires du contrat doivent être de nationalité étrangère, résider légalement sur le territoire du Grand-Duché et souhaiter s’y maintenir de manière durable. Le contrat est fixé pour une durée de 2 ans, pendant lesquels le signataire s’engage à suivre une formation linguistique en luxembourgeois, allemand ou français, à participer à des cours d'instruction civique et à être présent lors d’une journée d’orientation. Les cours de langues sont proposés à un tarif réduit de 5 euro.
Le Clae entend que le CAI soit perçu par la majorité de la population comme
la nécessité légitime d’intégrer les étrangers nouvellement arrivés en Europe.
Malheureusement le contrat d’accueil et d’intégration est apparu dans différents
pays européens, notamment en France et en Allemagne, au moment même où le
concept d’immigration choisie gagnait du terrain. Ce synchronisme n’est pas le
fruit du hasard : d’un dispositif visant à première vue à assurer l’acquisition
de connaissances linguistiques et une formation civique, on est passé dans ces
pays à un outil utilisé principalement par les défenseurs de l’immigration
choisie pour opérer un tri entre immigrés désirables et indésirables.
L’exclusion a définitivement pris le pas de l’inclusion. On aurait souhaité au
Luxembourg renverser les contradictions des politiques européennes
d’immigration actuelles en faisant de l’intégration le résultat d’une politique
de droits et non une condition préalable au séjour. Nous croyons dans ce sens que
l’Union européenne devrait reconnaître publiquement et officiellement la
finalité du contrat d’accueil et d’intégration qui risque de renforcer les buts
affichés par les défenseurs de l’immigration choisie en opérant un tri entre
travailleurs à faibles qualifications et travailleurs hautement qualifiés.
Les limites de
la nouvelle loi relative à l’intégration ainsi que les mesures à adopter dans
le cadre du Plan
d’action national d’intégration et de lutte contre les discriminations
2010-2014 ou futurs Plans, nous
permettent de proposer :
- que l’Olai puisse offrir sur le plan national et communal, à travers un renforcement adapté de ses structures et de ses moyens, un accueil satisfaisant des nouveaux venus ;
- au vu des compétences que la loi prévoit de donner à cet organe, il nous semblerait également utile que l’Olai puisse disposer d’antennes sur le territoire, par le biais de convention avec les communes ou d’autres organismes, lui permettant la proximité nécessaire pour mener à bien ses missions ;
- de renverser les contradictions des politiques d’immigration actuelles en faisant de l’intégration le résultat d’une politique de droits et non plus une condition préalable au séjour ;
- de veiller à ce que le contrat d’accueil et d’intégration ne renforce les buts affichés par les promoteurs de l’immigration choisie ;
- d’élaborer une offre de formation linguistique et professionnelle la plus incitative possible à travers le contrat d’accueil et d’intégration ;
- de ne pas subordonner le renouvellement des titres de séjour à la signature du contrat d’accueil et d’intégration ;
- d’exempter toutefois les signataires du contrat d’accueil et d’intégration de la preuve d’intégration dans le cadre de la demande du statut de longue durée.
2.
Contre la pénurie du logement !
Les
propositions avancées lors du 6e Congrès restent malheureusement
d’actualité ; en effet, le manque de logements sociaux locatifs et de
logements en général continue à se faire ressentir. La pénurie de logements
touche fortement les personnes d’origine étrangère mais aussi l’ensemble de la
population luxembourgeoise qui souffre de cette situation de manière générale.
Le marché de l’immobilier a été marqué par d’importantes fluctuations entre
2007 et 2010. Il a été d’abord touché par la crise économique dont l’épicentre
se situe en 2008 avant une lente reprise de la croissance à la fin de l’année
2009 et au début de 2010. Des modifications réglementaires ont également pu
perturber le marché de l’immobilier grand-ducal.1 On assiste aujourd’hui à
une normalisation de l’activité et à un retour des acheteurs, dans un contexte
d’accès au crédit moins contraignant et de taux d’intérêts hypothécaires
historiquement bas. Les récentes publications de
l’Observatoire de l’Habitat en matière d’évolution des loyers et des prix de
vente confirment toutefois le risque de l’apparition d’une nouvelle augmentation des prix des
logements.
À travers ce contexte,
le marché du logement au Grand-Duché de Luxembourg tient du paradoxe. L’Etat accorde des sommes
considérables aux personnes qui souhaitent accéder à la propriété d’un
logement, c’est-à-dire 53,6 millions
d’euro (= 0,5% des dépenses de
l’Etat en 2011), alors que l’accès
reste souvent très difficile particulièrement dans la capitale. Les
ménages à très faibles revenus qui n’ont accès au parc public de logements
locatifs sont parfois confrontés à la précarité des mal-logés. Les classes
moyennes éprouvent également des difficultés à devenir propriétaire.
Les premiers signes de
ségrégation, découlant d’une fracture sociale de plus en plus prononcée,
deviennent en conséquence visibles. Comme le reconnaît le Rapport 2010 du Fonds
de Logement,2 l’offre reste insuffisante,
eu égard à d’une population croissante.
La pression du côté de la demande est aussi accentuée par des changements dans
les structures socio-économiques des ménages (progression des ménages
monoparentaux, augmentation rapide du nombre des personnes vivant seules,
vieillissement de la population). Le déséquilibre entre l’offre et la demande
est soutenu par un nombre important de logements vides ou vacants et de
nombreux changements d’affectation du parc existant (transformation de
logements en locaux à usage professionnel).
Pour répondre à cette problématique cruciale, le
Conseil de Gouvernement a arrêté les grandes
lignes du Paquet logement,
dont les composantes sont (1) l’élaboration d’un nouveau
projet de loi sur les aides au logement, (2) la présentation de nouvelles
mesures, (3) la finalisation du plan sectoriel logement et (4) le monitoring du pacte logement.
La Loi du 22 octobre
2008 portant sur la promotion de l’habitat et création d’un pacte logement avec
les communes prévoit notamment de favoriser une augmentation de l’offre de
logements et autorise l’Etat à participer au financement des frais des communes
liés à la création de nouveaux logements et des équipements collectifs induits
par l’accroissement de la population. Jusque fin 2010, 103 communes ont signé la
convention relative au « Pacte Logement ». Par leur signature, ces
communes se sont formellement engagées à faire réaliser sur leur territoire endéans les 10 ans quelque 48.000 logements, en vue de rendre
possible une augmentation d’au moins 15% des habitants de leurs communes. Si
les communes ne répondent pas aux conditions fixées dans la loi, elles doivent
restituer totalement ou partiellement la contribution financière de l’Etat.
Nous soulignons l’intérêt de réaliser un suivi de l’évolution de l’offre de
logements achevés au sein des dites communes, un suivi de la croissance de la
population et des infrastructures publiques réalisées. Un tel monitoring du
Pacte Logement viserait ainsi à mesurer l’impact des dispositions de la loi de
2008, principalement en matière d’offre de logements et d’infrastructures
publiques.
Il appartient également à l’Etat d’augmenter l’offre
de logements dans les plus brefs délais possibles, surtout à la vue des
récentes données publiées par le Statec en matière d’autorisations de bâtir qui sont alarmantes. Après deux années de recul du nombre de logements
autorisés, la progression reste faible en 2010 pour s’établir à 3.891 unités de
logement. Le nombre des logements
autorisés sur le territoire de la capitale a même reculé de 21,8% ! Si l’on tient
compte du fait que seulement une partie des logements autorisés sont
effectivement construits, et en considérant le fait que ces logements
n’apparaissent sur le marché qu’après environ 2 années, le déséquilibre sur le marché va certainement s’aggraver dans un avenir
proche, ceci à défaut d’actions conséquentes de la part des autorités
publiques.
À travers l’évolution récente du marché du logement luxembourgeois, qu’en
est-il des différences dans les projets résidentiels entre Luxembourgeois et
résidents de nationalité étrangère ?
Globalement, parmi les ménages suivis dans l’enquête EU-SILC/PSELL-3
conduite par le Ceps-Instead sur l'exclusion sociale
liée au logement, les résidents luxembourgeois comme de nationalité
étrangère ont eu, malgré le contexte, des comportements cohérents par rapport à
leurs aspirations, c’est-à-dire vers l’accession à la propriété. L’accès à
différents segments du marché immobilier au Luxembourg (dont la maison en
propriété) semble être relativement égalitaire pour les ménages, tant d’origine
luxembourgeoise qu’étrangère, comme le suggèrent les parts relativement
similaires des projets de déménagement entre 2003 et 2009. Cela dit,
l’installation temporaire de certains étrangers, la durée de résidence exigée
par les politiques d’aide en logement, mais également les différences
culturelles, sont en mesure de limiter la volonté d’acheter une maison pour les
résidents étrangers, au profit de l’achat d’un appartement impliquant moins de
contraintes et d’investissements ou même de la location allouant encore plus de
flexibilité. Selon cette étude, et plus
particulièrement sur le profil sociodémographique du panel observé, on trouve,
selon la nationalité, une surreprésentation des ressortissants de nationalité
d’un pays tiers à l’Union Européenne. L'étude met également en lumière le lien
entre le niveau de formation et l'exclusion liée au logement.3
Quelles sont les mesures de l’Etat face à ces
inégalités d’accès ?
Il convient tout d’abord de mentionner le lancement
d'une enquête nationale sur le sentiment de discrimination dans l'accès au
logement par l’Olai et le Ministère de la Famille et de l'Intégration. Un
questionnaire comportant 45 questions a été envoyé à 18 000 personnes par
courrier en novembre 2008. Nous n'avons cependant obtenu à ce jour aucune
information concernant les résultats de cette enquête. Parmi les plaintes dont
a été saisi le Centre pour l’égalité de traitement, trois concernaient le
logement. Il n'est pas possible, faute d'information, de savoir si parmi les
plaintes enregistrées par la police, certaines concernaient le domaine du logement.
Le règlement grand-ducal du 6 avril 2009 introduit un système plus flexible
pour l'attribution de logements sociaux locatifs. S'il est vrai que ce nouveau
mode permet de mieux tenir compte de la complexité des situations des
différents demandeurs, il est tout aussi vrai que l'absence d'un ordre de
priorité contraignant dans le classement des demandes pose des problèmes en
matière de transparence, comme l'a relevé l’Ombudsman dans ses deux derniers
rapports d'activité. Tenant compte en outre de l'aggravation de la pénurie de
logements sociaux locatifs, la question de l'attribution de ces logements
devient encore plus cruciale pour les concernés. En effet, il ressort du
rapport 2009 du Fonds du Logement que le nombre de demandes en vue de l'obtention
d'un logement locatif subventionné auprès du Fonds a augmenté de 33% par
rapport à l'année précédente, pour atteindre un total de 1358 demandes en date
du 28 février 2010. Ainsi, le nombre de demandes s'est rapproché du nombre
total d'unités de logement du Fonds, qui était de 1647 au 31 décembre 2009.4
La réglementation actuelle sur l'attribution de logements sociaux locatifs ne prévoit ni une liste exhaustive des critères à prendre en compte, ni un ordre de priorité des critères d'attribution. Il a été décidé de laisser au promoteur public, à savoir les communes, la Société Nationale des habitations à bon marché et le Fonds pour le Développement du Logement et de l'Habitat, le soin de pondérer les critères selon le cas et d'aborder chaque dossier en considération de toutes les particularités présentes en l'espèce. En réponse à une question parlementaire, le Ministre du Logement a pourtant indiqué qu'un catalogue de critères spécifiques pour l'attribution de logements locatifs était en cours de réalisation reflétant l'esprit de l'ensemble des objectifs prévus par la législation concernant l'aide au logement et tels qu'ils sont constamment appliqués par l'un ou l'autre promoteur public.
Des « crédits-taudis » sont par ailleurs accordés à des personnes ayant de plus en plus de difficultés à se loger. Cette mesure est une garantie par laquelle l'Etat facilite l'accession à la propriété pour les familles nombreuses qui ne peuvent fournir de garanties propres suffisantes pour obtenir le crédit hypothécaire nécessaire à l'acquisition d'un logement. En 2009, 18 demandes de garanties « crédits-taudis » ont connu une suite favorable. Une convention signée entre le Ministère de la famille et de l’Intégration, le Ministère du logement et la Fondation pour l’accès au logement a permis également la création d’une Agence immobilière sociale (AIS) dont la principale mission est de rechercher et de mettre à disposition des logements à des personnes à revenus modestes. Le Fonds pour le Développement du Logement et de l'Habitat permet d’autre part à des associations d'héberger des personnes ayant besoin d’être accompagnée tant socialement que psychologiquement ; 91 logements sont répartis entre différentes associations. Il faut également signaler que le Fonds dispose de logis ou logements communautaires, intégrés dans des foyers et réservés à l'hébergement de réfugiés politiques et de travailleurs immigrés. Au 31 décembre 2008, le nombre de ces logis s'élevait à 53. Ils sont occupés exclusivement par des réfugiés politiques. Le Fonds réalise des projets pour le compte de l'Etat, comme des foyers pour réfugiés politiques et/ou travailleurs immigrés.
La réglementation actuelle sur l'attribution de logements sociaux locatifs ne prévoit ni une liste exhaustive des critères à prendre en compte, ni un ordre de priorité des critères d'attribution. Il a été décidé de laisser au promoteur public, à savoir les communes, la Société Nationale des habitations à bon marché et le Fonds pour le Développement du Logement et de l'Habitat, le soin de pondérer les critères selon le cas et d'aborder chaque dossier en considération de toutes les particularités présentes en l'espèce. En réponse à une question parlementaire, le Ministre du Logement a pourtant indiqué qu'un catalogue de critères spécifiques pour l'attribution de logements locatifs était en cours de réalisation reflétant l'esprit de l'ensemble des objectifs prévus par la législation concernant l'aide au logement et tels qu'ils sont constamment appliqués par l'un ou l'autre promoteur public.
Des « crédits-taudis » sont par ailleurs accordés à des personnes ayant de plus en plus de difficultés à se loger. Cette mesure est une garantie par laquelle l'Etat facilite l'accession à la propriété pour les familles nombreuses qui ne peuvent fournir de garanties propres suffisantes pour obtenir le crédit hypothécaire nécessaire à l'acquisition d'un logement. En 2009, 18 demandes de garanties « crédits-taudis » ont connu une suite favorable. Une convention signée entre le Ministère de la famille et de l’Intégration, le Ministère du logement et la Fondation pour l’accès au logement a permis également la création d’une Agence immobilière sociale (AIS) dont la principale mission est de rechercher et de mettre à disposition des logements à des personnes à revenus modestes. Le Fonds pour le Développement du Logement et de l'Habitat permet d’autre part à des associations d'héberger des personnes ayant besoin d’être accompagnée tant socialement que psychologiquement ; 91 logements sont répartis entre différentes associations. Il faut également signaler que le Fonds dispose de logis ou logements communautaires, intégrés dans des foyers et réservés à l'hébergement de réfugiés politiques et de travailleurs immigrés. Au 31 décembre 2008, le nombre de ces logis s'élevait à 53. Ils sont occupés exclusivement par des réfugiés politiques. Le Fonds réalise des projets pour le compte de l'Etat, comme des foyers pour réfugiés politiques et/ou travailleurs immigrés.
Nous ne pouvons malgré ces mesures que vivement
regretter l’insuffisance de la capacité d’accueil des demandeurs de protection
internationale. Les capacités des structures d’hébergements publics et privés
sont régulièrement épuisées contraignant l’Etat à utiliser des structures
d’urgence inadaptées et le plus souvent inhumaines. L’augmentation du nombre de
demandeurs de protection internationale depuis le début de l’année et
l’incapacité des autorités à réagir à cette situation prouve que ce problème
persiste de manière durable.
En face de cette situation, le Clae propose :
- qu’une déclaration politique du Gouvernement ou de la Chambre des députés souligne l’accession à la propriété comme un moyen privilégié pour garantir la justice sociale ; la politique du logement se doit de poursuivre l’effort pour l’acquisition d’un logement en propriété, à travers un maintien et un renforcement des moyens et des instruments existants ;
- que cette politique se traduise par l’inscription du droit au logement dans la Constitution luxembourgeoise ;
- de lutter contre la spéculation foncière ; Les prix actuels des terrains à bâtir et des logements sont inaccessibles au plus grand nombre ;
- que le bail emphytéotique et le droit de superficie puissent constituer deux instruments efficaces pour réduire considérablement le coût du logement, étant donné que le coût du foncier est dans ce cas neutralisé ;
- une meilleure mixité et un meilleur accès au logement social avec notamment des sanctions plus fortes pour les communes et services publics ne respectant pas les textes de lois ;
- un engagement plus fort de l’Etat et des collectivités territoriales pour construire davantage de logements à caractère social et favoriser l’accession de tous à la propriété en adhérant au Pacte pour le Logement ou en promouvant des initiatives spécifiques ;
- de construire des logements locatifs non seulement à l’initiative du Fonds du logement mais également à l’initiative des communes (les commissions consultatives d’intégration pourraient se saisir de ce problème et agir au niveau communal) ;
- qu’à l’instar des réflexions relatives à la garantie de la mixité sociale dans le secteur du locatif, les promoteurs de projets d’envergure soient invités à vendre 40% des logements à des non-bénéficiaires d’une aide individuelle au logement ;
- que la gouvernance du Fonds du Logement soit plus transparente. Elle pourrait notamment permettre la participation de représentants du Clae et d’autres organisations de défense des droits des étrangers dans la commission d’attribution de logements sociaux ;
- d’appliquer, au niveau communal, la loi permettant de déclarer la pénurie de logements et de réquisitionner les logements vides ;
- d’améliorer les conditions d’accès au logement aux familles, aux familles monoparentales et aux jeunes vivant seuls ;
- d’introduire une allocation loyer aux locataires à revenus modestes ;
- de prévoir des logements d’accueil d’urgence pour des familles se trouvant subitement sans logement, et interdire, par voie légale, l’expulsion d’un logement pendant la période hivernale ;
- de construire de nouveaux foyers pour travailleurs seuls et poursuivre la rénovation des foyers existants. Le Clae invite le Ministère de la Famille et de l’Intégration à la construction de foyers pour femmes qui sont actuellement inexistants ;
- d’organiser des conventions avec les propriétaires du secteur privé (hôtels, auberges, cafés, etc.) pour l’hébergement des travailleurs, dans le but de combattre « les marchands de sommeil », qui entassent les travailleurs par dizaines dans des chambres malsaines tout en demandant des loyers exorbitants ;
- que les demandeurs de protection internationale puissent bénéficier d’un logement adapté aux besoins de leur famille, qu’ils ne soient pas obligés de vivre dans la rue, ni hébergés dans des campings ou dans des habitations quasiment insalubres ;
- de prévoir des logements décentralisés pour le premier accueil des demandeurs de protection internationale ; de leur accorder le droit de choisir librement leur logement en accordant une allocation de logement ;
- que la condition de logement ne soit plus un obstacle dans le cadre d’une demande de regroupement familial pour un ressortissant d’un pays tiers à l’Union européenne ;
- d’assouplir les conditions pour bénéficier d’une aide de l’Etat pour l’accès à la propriété (familles, jeunes et personnes seules, revenus modestes) ; le Clae propose que l’Etat prévoie des intérêts à taux 0%.
- de maintenir l’exemption du paiement des droits d’enregistrement lors de l’achat d’une habitation et des primes pour les familles qui ont des enfants à charge ;
- d’abolir ce qui pourrait ressembler à une formalité administrative, mais qui est en réalité une discrimination déguisée, à savoir, exiger de la part des étrangers la preuve qu’ils ne sont pas propriétaires d’un bien immobilier dans leur pays d’origine.
- D’étendre aux travailleurs frontaliers les mesures d’accès à la propriété offertes actuellement aux résidents uniquement, ce qui semble, incompatible avec le droit communautaire.
3. Le vieillissement de la population issue de l’immigration
Le vieillissement de la
population constitue un vrai défi pour les pays européens. Ce défi est accentué
par l’arrivée des générations du baby-boom à l’âge de la retraite, ce qui
entraîne des répercussions inévitables sur le marché du travail, dont un risque
de pénurie de main-d'œuvre sur le long, voire moyen terme. C’est pourquoi,
depuis plusieurs années, l’Union européenne a fait du vieillissement actif le
cheval de bataille de sa stratégie pour l’emploi.
Au Luxembourg, le problème du
vieillissement de la main-d'œuvre se pose à moyen terme avec une moindre
importance que dans les autres pays européens du fait de la composition
atypique de sa population active. Pourtant,
cette situation pourrait se détériorer dans les prochaines décennies.5 La poursuite d’un taux de fécondité en
dessous du renouvellement des générations, conjuguée à l’allongement de la
durée de vie, pourrait se traduire par une forte augmentation du taux de
dépendance. Dans un scénario de poursuite de la dynamique démographique basée
sur un solde migratoire important, le nombre de personnes de plus de 65 ans
atteindrait en 2050 40 % du nombre de celles de 20 à 64 ans, comparé à un peu
moins d’un quart en 2000. La population résidant au Luxembourg augmenterait
substantiellement, passant de 439.000 personnes en 2000 à 663.000 en 2050. Le
nombre d’étrangers deviendrait plus élevé que le nombre de Luxembourgeois
autour de 2020. En envisageant un scénario démographique moins favorable avec
un recul progressif des entrées nettes de personnes étrangères suite à une
moindre attractivité du Luxembourg, la population résidente, y compris la
population étrangère, stagnerait. En conséquence, le nombre de personnes de
plus de 65 ans atteindrait en 2050 52 % du nombre de celles de 20 à 64 ans, ce
qui situerait le Luxembourg au-dessus de la moyenne des pays de l’Ocde.
Le
scénario démographique favorable repose sur l’hypothèse que le Luxembourg
continuera d’attirer davantage de travailleurs étrangers. Or, il s’agit là d’un
pari risqué. Dans tous les cas, il est fort probable qu’il faudra réaliser un
transfert important de revenus des futures générations d’actifs vers les
retraités pour faire face au coût additionnel des retraites. Actuellement,
l’apport des cotisations des salariés frontaliers alimente des surplus de
trésorerie mais la viabilité du système de pension n’est pas garantie à long
terme. Cette expansion de l’emploi frontalier retarde la maturation du système
de retraite, en engendrant un large excédent de trésorerie, mais en impliquant
aussi des engagements différés de plus en plus lourds.
Au Luxembourg, le nombre des
personnes âgées de 65 ans et plus est toutefois passé de 49.625 en 1980 à
70.046 en 2010, soit une augmentation de quelque 41% en 30 ans.6
Le nombre des 75 ans et plus a
même pratiquement doublé. En termes absolus, l'évolution est encore plus
saisissante: le nombre des 65 ans et plus passerait de quelque 70.000
aujourd’hui à 197.000 en 2060, r un total de 774.000 habitants. L'impact sur
les politiques notamment en matière de pensions et de santé publique est
indiscutable.
C'est un fait qu’une grande
partie de la population âgée issue de l’immigration a peu à peu remplacé son
projet de retour au pays par une retraite au Luxembourg. Cela s’explique par la
présence d’enfants et de petits enfants, mais aussi par le fait que les
facilités et infrastructures de protection sociale au Luxembourg soient plus
développées ou performantes que dans certains des pays d'origine.
Cette situation a incité le Clae, comme l'ont d’ailleurs fait d'autres
associations, à entamer une réflexion sur les besoins de ces personnes âgées
d'origine étrangère. Notre approche se base dans une inclusion harmonieuse de
ces personnes dans les politiques et les structures existantes au Luxembourg
et, dans aucun cas, par la revendication de maisons de retraite ou d'autres
structures « séparées » par nationalité d'origine. Il y a néanmoins
lieu de se demander si les immigrés des années 50 et 60 pourront accéder aux
structures existantes alors que le manque d’information, les problèmes
linguistiques et culturels, ainsi que le coût risquent de devenir des barrières
lourdes à surmonter.
Le Ministère de la
Famille et de l'Intégration a aussi été sensible à ce type de problématique et
encourage ainsi depuis 2009 une sensibilisation des résidents âgés d’origine
étrangère sur les offres de services. Des activités sont mises en place au sein
des Clubs Senior.
Au Luxembourg,
les personnes âgées d’origine étrangère sont quasiment absentes des Clubs
Seniors. Cette situation découle d’un manque d’information mais aussi de la
barrière de la langue. En Suisse, cette démarche a conduit à la mise en place
de la plateforme « Seniors d'ici et d'ailleurs » par l'association Pro
Senectute, la Croix-Rouge et la Ville de Genève qui constitue un exemple de
bonnes pratiques. Le Café des Âges organisé au Luxembourg par la Maison des
Associations est aussi un autre exemple de bonnes pratiques.
Le
rôle d’accueil incomberait à certaines associations comme le Patronato
Inca-Cgli Lussemburgo pour les Italiens ou la Fédération des associations
portugaises (Fapl) pour les Portugais. Il ne serait pas nécessaire de créer de
nouvelles structures mais seulement appuyer financièrement ces associations
pour qu’elles puissent effectivement être en mesure d’apporter un soutien à ces
personnes.
Le Clae a également
intégré le Conseil Supérieur des Personnes Âgées. Cet organe consultatif est
chargé d’étudier, soit de sa propre initiative, soit à la demande du
Gouvernement, l’ensemble des problèmes se rapportant aux personnes âgées.
Un groupe de
réflexion réunissant des acteurs engagés dans les domaines de l’immigration et
du 3e âge est coordonné par une plate forme regroupant l'OLAI et
certaines associations. Le groupe cherche à analyser les particularités liées à
la situation des personnes âgées d’origine étrangère et à réfléchir sur les
offres complémentaires éventuelles à prévoir au niveau des services pour
personnes âgées.
Le Clae propose:
- de créer un groupe de réflexion avec la participation des organes compétents (Ministère de la Famille et de l’Intégration et Olai), les associations issues de l’immigration, le Conseil Supérieur des Personnes Âgées avec éventuellement l’aide des structures consulaires des pays concernés afin d'examiner en détail la situation, sous la forme des Assises Migration & Vieillissement, et formuler des propositions ;
- de conventionner ou subsidier des associations issues de l’immigration afin qu’elles puissent réaliser un accompagnement des personnes âgées et promouvoir leur inscription dans les structures luxembourgeoises existantes ;
- de lancer une campagne de sensibilisation auprès des Clubs Senior et des communes sur l’inscription des seniors d’origine étrangère dans les structures d'accueil en promouvant la diversité culturelle et la capacité d'accueil interculturelle de leur personnel ;
- d’augmenter l'offre d'appartements et nouveaux centres de gériatrie pour personnes âgées ;
- d’améliorer la représentation des résidents de nationalité étrangère dans le Conseil Supérieur des Personnes Âgées.
4. Le droit à une santé pour tous
L’étude de l'Ocde
Panorama de la Santé brosse un tableau nuancé des soins de santé qui
sont prodigués au Luxembourg. Certains domaines y apparaissent comme étant
surdéveloppés et de très haute qualité. D’autres, par contre, y apparaissent
comme étant sous-développés. Parmi les atouts du système de santé figure
l’importante couverture de l’assurance maladie (98%), le mode de financement
par des moyens publics et l’accessibilité aux soins. L’étude révèle que des
efforts doivent, en revanche, être déployés pour réduire les coûts du système
de santé, pour améliorer le secteur ambulatoire, la coordination entre ces deux
secteurs, la transparence de l’architecture hospitalière ainsi qu’un meilleur
fonctionnement des urgences.
Néanmoins, les
problèmes auxquels sont confrontés les personnes issues de l’immigration ne
diffèrent pas de ceux auxquels sont confrontés tous les résidents. Le Clae
soutient les efforts comme la « Patiente
Vertriedung » dans ses démarches en faveur de la promotion des droits des
patients qui visent à mieux faire connaître aux personnes prises en charge
leurs droits et obligations.
Certaines
problématiques demeurent cependant spécifiques au contexte de l’immigration et
notamment la prise en charge des personnes en situation irrégulière. Cette
prise en charge est une préoccupation que le Clae porte depuis des années. Le
Luxembourg, qui a approuvé par la loi du 17 septembre 1991 la Charte sociale
européenne signée à Turin en 1962, ne semble pas respecter ses engagements. La
clandestinité est une situation difficile susceptible d’entraîner de nombreux
problèmes psychologiques et médicaux. L’insécurité est telle que la résistance
au stress est affaiblie et les raisons de consulter sont inversement
proportionnelles à la possibilité d’être assuré !
Le CLAE plaide en faveur d’une couverture sociale
universelle dont les conditions resteraient à discuter: une résidence de 3 mois
par exemple à prouver, la preuve de son identité, le paiement des cotisations
dont le montant devrait être précisé, etc.
Notons
qu'un Guide d’accès aux soins médicaux pour demandeurs
de protection internationale, déboutés du droit d’asile et personnes en
situation irrégulière au Luxembourg7 a été rédigé par le groupe de travail «
Santé des Migrants » (Asti, Caritas, Clae, Croix-Rouge sous l’impulsion de MSF)
en collaboration avec le Ministère des Affaires Etrangères et de l’Immigration,
le Ministère de la Famille et de l’Intégration et le Ministère de la Santé.
Finalement,
nous regrettons profondément les refus presque systématiques du Ministère
de la Famille et de l’Intégration et du Ministère de la Santé, à une prise en
considération des besoins d'assistance psychologique et psychiatrique pour les
demandeurs de protection internationale et pour les immigrés en général. Le
fait de devoir quitter son pays, en laissant parfois sa famille et ses enfants,
n’est jamais une décision facile. Le départ, bien qu’il ne soit jamais abordé
dans les discours européens ou nationaux, est un aspect incontournable dans le
processus d’installation. Bien que le Fonds européen des réfugiés soit en mesure de soutenir les projets
fournissant des réponses à des situations de détresse ou de fragilité
psychologique, toutes les demandes dans ce sens ont été refusées. Et cela,
malgré que des associations de professionnels de la santé psychologique
(Mosaïque asbl et autres) soient activement engagées dans le soutien à de tels
projets.
Le Ministère de la Famille et de l’Intégration et
du Ministère de la Santé devraient soutenir dans les appels à proposition de
2012 et de 2013 du FEI (Fonds européen pour l'intégration) et du FER (Fonds
européen des réfugiés) des actions visant la création de réseaux de soutien et
assistance psychologique aux demandeurs de protection internationale, et
notamment les enfants, qui en éprouve le besoin.
3 Rapport Alternatif d'Enar, Anita Petersheim, http://cms.horus.be/files/99935/MediaArchive/Luxembourg.pdf
4 Question parlementaire de Claudia Dall’Agnol (LSAP) sur http://www.guichet.public.lu/fr/citoyens/actualites/2010/1/29-attribution-logements-locatifs/question-parlementaire-taxes-communales.pdf
5 http://www.gouvernement.lu/salle_presse/actualite/2004/01/28biltgen/28ocde.doc
6 Regards 9/2011, STATEC (Institut national de la statistique et des études économiques du Luxembourg),
http://www.statistiques.public.lu/catalogue-publications/regards/2011/PDF-9-2011.pdf
7 http://www.msf.lu/fileadmin/WEBLibrary/4_Donner/guide_msf.pdf
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