A citoyenneté égale


À Citoyenneté Égale. C’est le nom que nous avons donné au projet mené conjointement par le CLAE, l’Ausländerbeirat de Trier et Inter Service Migrants / Est de Metz avec les associations de non-communautaires dans la Grande Région. Derrière ce nom, s’inscrit la volonté de contribuer à une citoyenneté active pour l’ensemble de la société. Les expériences prouvent que les personnes venues en migrations de pays lointains ne se sentent pas toujours écoutées, comprises et reconnues. A travers ce projet, nous ne voulons pas ignorer les difficultés des migrations européennes qui ont elles aussi connu et connaissent encore parfois des difficultés, mais soulever de nouvelles problématiques à la fois générales et spécifiques.
Les ressortissants des pays tiers, en plus de devoir surmonter un parcours administratif parfois long et épuisant – rappelons la situation des sans-papiers, des demandeurs de protection internationale, des personnes faisant l’objet d’un regroupement familial – rencontrent de nombreuses difficultés pour faire valoir leurs formations et expériences sur le marché du travail. Intrinsèquement Métèque des temps modernes, un renvoi vers leur pays d’origine est pendant de longues années possible ; leurs droits politiques sont presque ignorés, sans oublier que leur intégration est toujours jugée comme l’un des défis majeurs des sociétés européennes.
En s’inscrivant dans le cadre du Fond Européen d’Intégration (FEI), ce projet prenait le risque d’enfermer une fois de plus les résidents non-communautaires dans un discours unique de l’intégration. Personnellement, j’opterais pour une autre définition de l’intégration qui est celle de l’adaptation de la société dans son ensemble, à savoir comment un ensemble d’individus peut entretenir, dans un contexte en constante évolution, des relations sociales, économiques, politiques et culturelles. Doit-on marteler le mot équité ? La réalité veut en tout cas que toute personne venant soit d’Amérique du Sud, d’Asie, d’Afrique ou des Balkans doit toujours faire un effort supplémentaire pour prouver à son interlocuteur sa valeur.
Mettons toutefois un peu de gaieté dans ce tableau trop gris à notre goût ! La grande majorité des associations que nous avons pu rencontrer ces derniers mois, et elles sont nombreuses, ont toujours affiché le désir de tisser des passerelles, de coopérer avec d’autres associations, de travailler avec l’ensemble de la société. C’est à cette volonté que le projet À Citoyenneté Égale tente en toute modestie d’apporter sa contribution.
La première rencontre À Citoyenneté Égale va permettre aux résidents non-communautaires de se rencontrer pour discuter et échanger librement sur toutes les questions liées à l’immigration dans la Grande-Région. Nous voulons à travers ces échanges faire émerger des préoccupations communes aux trois pays, qu’elles soient politiques, économiques, sociales ou culturelles. Les discussions qui vont avoir lieu pendant cette journée feront l’objet d’une retranscription qui va nous servir à identifier les thématiques communes à partir desquelles nous pourrons constituer des groupes de travail, qui seront chargés de réfléchir sur une problématique précise liée à l’immigration, mais pourront aussi s’ils le désirent penser et mettre en œuvre un nouveau projet.
L’intérêt d’inscrire ce projet dans la Grande Région et non seulement au Luxembourg est de mettre en relation des personnes, qui sans forcément le savoir ont une expérience particulière de l’immigration. On ne vit pas tout à fait la même chose que l’on soit au Luxembourg, en France ou en Allemagne et cela modifie notre manière de percevoir, de penser, d’imaginer... Cela contraint également notre curiosité parfois un peu paresseuse à ne pas se limiter à ce qui se passe dans nos pays respectifs, mais au contraire à nous imprégner davantage des réalités et cultures de nos voisins. Nous proposons de nous saisir de cette opportunité pour mieux approcher le caractère unique de chaque immigration, et ainsi ouvrir, à travers l’expérience de chacun, de nouveaux chemins de réflexion.
La rencontre vise à rassembler toute personne originaire de pays tiers. Elle se tiendra le samedi 26 septembre à la LuxExpo de Luxembourg-Ville. Toute inscription peut se faire directement sur le site du CLAE ou en renvoyant le bulletin d’inscription qui a été adressé à chaque association. N’hésitez pas à nous faire part de vos critiques et suggestions.
Anita Helpiquet
In Horizon 98, septembre 2009

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