Le Luxembourg est monde et le monde est dans Luxembourg

Luxembourg monde, mondes du luxembourg

Nous disons depuis des années que le Luxembourg est monde et nous le vérifions tous à chaque festival. Nous écrivons souvent que le Luxembourg est métissé et nous le constatons à chaque rencontre, au détour d’une manifestation culturelle, avec l’augmentation des mariages dit mixtes, au cours de dialogues sur les origines culturelles avec les uns ou les autres, etc. Il en est ainsi des continents jusqu’aux plus petit villages, où les migrations du XXème siècles sont venues couronner les révolutions industrielles et achever pour de nombreux pays européens le cycle des colonisations : comme une communication ininterrompue nous accueillons à notre tour les descendants des populations que de nombreux empires avaient colonisés. Les nouvelles révolutions informatiques et les prolongements mondiaux d’un capital de plus en plus incontrôlé ajoutent de la précarité d’un bout à l’autre de la planète et le fil de la migration continue à se dévider comme ce fut le cas le siècle d’hier et d’avant hier.
La migration, ce fil d’Ariane qui permet de sortir des situations de misères, des conséquence de conflits dramatiques qui jonchent la planète n’est pas prêt de se rompre. Qu’est-ce qui peut empêcher un être humain de vouloir conquérir sa dignité pour lui et sa famille ? Qu’y a-t-il de plus légitime que de vouloir donner un avenir à ses enfants ?
Le festival des Migrations des cultures et de la citoyenneté que nous voulons festif, convivial, est d’abord un espace de la dignité. Un espace où peuvent se dire ces changements mondiaux, ces inquiétudes humaines, un temps où se racontent les projets d’hier mais surtout ceux de demain. Dans ces grands halls du Kirchberg nous apportons aussi nos propositions citoyennes et nos revendications de changements : ce sont nos provisions pour les lendemains. Les migrations plus anciennes ont apportés avec elles des savoirs-faires, une mémoire politique ou syndicale, une solidarité familiale, de voisinage, une culture paysanne, ouvrière, populaire, intellectuelle. Ces apports sont venus s’ajouter à ceux de ce pays. Ainsi s’est construit un Luxembourg qui ne nous est pas étranger. Depuis des années au CLAE nous essayons de convaincre pour définir la citoyenneté de manière plus humaine, plus juste, plus moderne. Mais comme c’est étrange de rester étranger à ce qui ne nous est pas étranger. Notre volonté est que le droit du sol s’inscrive plus largement au Luxembourg pour définir un accès plus simple à la nationalité et surtout au devenir luxembourgeois, à l’identité luxembourgeoise. Nous défendons la notion de citoyenneté de résidence. Nous savons que le droit du sol, dans sa définition la plus large, qui permet de s’inscrire dès l’enfance dans une communauté culturelle ne verra pas le jour au Luxembourg dans l’immédiat mais nous souhaitons que ce droit soit défendu dans le cadre d’une politique définit par l’Europe et qu’il soit appliqué un jour par tous les Etats, en Europe et ailleurs. En attendant, notre festival illustre cette volonté que nous avons d’une citoyenneté qui permettent de vivre comme des êtres, debout et droit, les pieds sur ce sol, debout sur cette terre qui est aussi notre. Le Luxembourg est monde et le monde est dans le Luxembourg.

02/2005 RJP

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