Mieux vivre le présent pour mieux bâtir l’avenir
C’est dans le centre d’hébergement du Müllerthal, région idyllique mieux connue sous le nom de la « petite Suisse luxembourgeoise », que réside une centaine de demandeurs de protection internationale.
D’origines diverses (Kosovo, Togo, Rwanda, Côte d’Ivoire, Bosnie, Serbie, ex-URSS…), ces personnes (106, selon les dernières informations) vivent dans une aile du Grand Hôtel des Cascades et partagent pour la grande majorité un statut juridique commun : le statut de tolérance. Il s’agit d’un statut spécifique qui est accordé aux demandeurs déboutés dans l’hypothèse où les conditions au pays d’origine ne permettent pas de retour. Les personnes concernées par ce statut ont la possibilité de travailler temporairement pendant la procédure. Mais cela n’empêche pas qu’elles vivent en marge de la société dans une situation où les perspectives d’avenir sont très incertaines. Elles doivent renouveler leur statut tous les six mois. Même si elles ont le droit de s’inscrire à l’ADEM, la priorité, lorsqu’il s’agit de pourvoir à un poste vacant, est accordée d’abord aux ressortissants nationaux et aux ressortissants de l’Union européenne, ensuite aux ressortissants des pays tiers résidents au Luxembourg et les bénéficiaires du statut de tolérance sont avec les demandeurs d’asile les derniers de la liste.
Isolées et repliées sur leur propre univers, ces personnes, qui occupent le dernier échelon de l’échelle sociale, sont soumises à un stress psychologique permanent qui est lié à l’insécurité de leur situation : seront-elles renvoyées dans leur pays d’origine, un pays que souvent elles ne considèrent plus comme le leur ? C’est dans ce contexte que s’inscrit l’intervention du CLAE, sous les auspices du FER (Fonds Européen pour les Réfugiés) et du Commissariat du Gouvernement aux Etrangers.
S’intégrer dans une société d’accueil signifie d’abord qu’il faut disposer des instruments de base pour pouvoir s’entretenir avec les populations du pays d’accueil et participer aux activités économiques du pays. La langue du pays étant considérée, dans ce contexte, comme le vecteur d’intégration par excellence, le CLAE a fait démarrer des cours de français d’abord et d’allemand ensuite. Ils ont lieu deux fois par semaine, à 19h30. Les participants manifestent beaucoup d’enthousiasme. Après avoir assisté régulièrement aux cours, ils recevront un certificat de participation.
Des cours d’informatique et de formation professionnelle sont également prévus. Ils seront complétés par une formation qui offrira aux demandeurs de protection internationale une aide concrète pour faciliter la compréhension et la rédaction des démarches administratives. Préalablement, un questionnaire avait été soumis aux résidents du foyer, qui ont ainsi pu exprimer leurs besoins les plus importants ou urgents. D’autres activités sociales et culturelles leur sont proposées, pour donner une occupation aux demandeurs d’asile et enrichir leur formation, que ce soit en vue d’une éventuelle intégration dans la société d’accueil ou d’un retour dans le pays d’origine.
Il est important de favoriser les liens entre les populations des communes voisines et les demandeurs de protection internationale. Pour favoriser ces relations, les responsables du CLAE concentrent leurs efforts sur le milieu scolaire, dont l’influence est décisive sur l’épanouissement personnel et social de l’enfant. L’école est le seul espace commun à tous les enfants, quelle que soit l’origine culturelle ou sociale, et permet de diminuer l’isolement des enfants et des familles de demandeurs de protection internationale. Les enfants et adolescents en âge de scolarité obligatoire fréquentent l’école primaire de Waldbillig. C’est pourquoi le CLAE s’apprête à favoriser des activités permettant aux parents résidant au Müllerthal de nouer des liens avec, d’une part, les résidents de la commune de Waldbillig et, d’autre part, le personnel enseignant et les autres parents.
Un des projets phares dans ce sens sera le concert de Selma Hadrovic et Selma Cimic le 21 mars, dans la salle de fêtes de l’Hôtel de Ville, coorganisé par le CLAE et la Commission Culturelle de Waldbillig.
Notre objectif majeur est de contribuer à l’enrichissement à la fois social, culturel et professionnel des personnes demandeuses de protection internationale, afin de leur permettre de se sentir mieux au Grand-Duché. Et, si elles doivent partir, nous espérons que la formation reçue et les expériences positives vécues au Luxembourg les aideront dans leur vie future.
Paca Rimbau Hernández et Dritan Bejko
Publié dans Horizon, N°94, 01/09
Commentaires
Enregistrer un commentaire