Cheick Oumar Kanté : « Je suis un écrivain humain plutôt que guinéen »


Du 13 au 15 mars à LuxExpo au Kirchberg, le Salon du livre et des cultures organisé par le CLAE accueille 70 écrivains. Parmi eux, Cheick Oumar Kanté, l’une des voix de la littérature africaine de l’exil.

Né en Guinée en 1948, Cheick Oumar Kanté suit le chemin de l’exil vingt-deux ans plus tard, comme beaucoup de ses compatriotes. Etudiant en philosophie et linguistique, il décide de partir pour tout simplement pouvoir suivre des études normales, loin d’un gouvernement - celui du dictateur communiste Sékou Touré - qui voulait supprimer du cursus universitaire les lettres modernes, jugées « contre révolutionnaire ». Quarante et un ans plus tard, l’homme est toujours profondément marqué par cet exil, dans son âme, dans ses écrits. « Pas une seule personne ne se coupe de son pays volontairement. Dès l’instant où je l’ai quitté, j’ai voulu y retourner. Mon premier livre, je l’ai écrit pour expliquer à mes parents pourquoi je suis parti, car pour les protéger, je ne leur avais rien dit. Au départ, je ne voulais écrire que cet ouvrage, mais trente-deux années se sont écoulées avant qu’il ne soit publié et entre-temps, j’ai pris goût à l’écriture » explique-t-il. Cheick Oumar Kanté est un écrivain profondément humaniste, sensible à toutes les injustices du monde. « Je refuse d’être assigné à résidence, être un écrivain africain, c’est bien, mais je veux être avant tout un écrivain tout court. Je me réfugie dans l’universel et refuse tout repli communautaire » dit celui qui se considère comme un « écritvain » mandigo-peul, guinéo-malien, ivoiro-centrafricain, franco-européen, afro-humain… En somme, un écrivain culturellement métissé, porteur des cultures des différents pays où il a vécu. Journaliste de formation et de profession, il critique les dérives du métier, le choc des images : « Je ne voudrais pas être reporter de guerre, car j’aurais l’impression que compter les morts dans chaque camp ne ferait qu’attiser le conflit. Je préfère le métier d’écrivain, j’aime raconter les faits bruts, réels, mais en les mettant en perspective. Mais je ne suis pas certain que l’écrivain soit plus proche de la réalité, c’est pourquoi je voudrais parvenir à être poète. La poésie ne s’accommode pas de la réalité, elle la bouscule. » Un rêve parmi de nombreux - il ne se les interdit pas même s’ils sont utopiques - qui deviendra réalité dans quelques mois, lorsque sera publié son recueil de poésie J’aurais dû être … un poète, le dernier volet d’une trilogie où il évoque les métiers de son choix.

Kristel Pairoux

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