Festival des migrations, des cultures et de la citoyenneté

Un festival citoyen

À chaque printemps, le Festival des migrations, des cultures et de la citoyenneté met les projecteurs sur une vie associative issue de l’immigration riche et dynamique. Chaque année à travers cet événement, les associations, les bénévoles, le public nous prouvent que le Luxembourg est monde et que le monde est dans le Luxembourg.

Le visiteur de la dernière édition pourrait s’étonner d’un tel succès, se perdre dans les multiples allées, sans comprendre que le Festival est le fruit d’un long engagement de la part des associations qui l’ont porté depuis maintenant presque 30 ans. Son succès est sans doute la conséquence d’une idée initiale simple mais combien difficile à transmettre, à savoir que l’immigration ne peut se réduire à une force de travail. La philosophie du Festival s’est construite d’abord sur la notion de citoyenneté avec des slogans qui n’ont pas perdu de leur actualité tels que « le droit de vote aux immigrés » ou « vivre, travailler et décider ensemble » et qui se sont inscrits au fil des années dans un concept plus large de citoyenneté, accordant une part notable aux besoins de reconnaissance culturelle.

Que l’on ne s’y trompe pas, le Festival des migrations, des cultures et de la citoyenneté n’est pas un événement multiculturel mais bel et bien une porte d’entrée vers une citoyenneté de résidence, un espace où se revendiquent les droits, où s’affranchissent les différences, où se transmettent les mémoires, où se négocient les différentes appartenances pour devenir des références ; finalement un espace de liberté permettant à chaque citoyen quelles que soient ses origines sociales et culturelles de s’inscrire dans l’archipel luxembourgeois.

On pourrait ainsi apprécier le Festival des migrations, des cultures et de la citoyenneté comme un rite de passage, un lieu inespéré de légitimité, un lieu qui permettrait de passer de l’anonymat du statut de migrant à celui de citoyen de ce pays porteur de multiples références. La transmission et négociation de ces références sont d’autant plus importantes qu’elles ouvrent le Luxembourg sur le monde et contribuent à la reconnaissance du métissage d’une société qui n’a jamais pu s’accommoder pleinement et sereinement des uniques références trop étouffantes des deux grands pays voisins.

Le Festival des migrations, qui depuis maintenant douze ans s’écrit avec le Salon du livre et des cultures, offre finalement – et que le don est grand – la possibilité au Luxembourg, de s’affranchir d’une conception trop étroite de la citoyenneté, de le faire cheminer vers une citoyenneté plus palpable, réellement inscrite dans son temps. Nous éprouvons toujours une certaine incompréhension lorsque que la philosophie et les concepts mis en mouvement pendant ce week-end mais aussi le reste de l’année par  le Clae restent interprétés d’une manière restrictive.

Anita Helpiquet
Article paru dans la revue Diwan

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