Discours d’ouverture du 27e Festival des migrations, des cultures et de la citoyenneté






Madame la Ministre, Monsieur le Bourgmestre, Excellences, Mesdames, Messieurs,
Au nom du Comité de Liaison des Associations d’Etrangers, je déclare ouvert le 27e Festival des migrations, des cultures et de la citoyenneté, Festival que nous plaçons, une fois de plus, sous le signe de la citoyenneté, de la reconnaissance des cultures issues de l’immigration et du métissage culturel.
Sans vous tous, ici présents, le Festival n’aurait pu devenir ce qu’il est aujourd’hui. Si nous accueillons pour cette édition près de 300 stands, si le Festival s’accroît d’année en année, c’est grâce à la dynamique associative, aux nombreux bénévoles et aux salariés qui s’investissent dans sa préparation, aux pouvoirs publics et aux nombreux visiteurs de ce Festival, qui nous accordent leur confiance. À tous, un grand merci. Je tiens à remercier également le Ministère de la Famille et de l’Intégration et en particulier l’Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration, la Ville de Luxembourg, l’entreprise des P&T, le Ministère du Logement et bien d’autres encore pour leur soutien financier, ainsi que la LuxExpo pour son accueil.
Le Salon du livre et des cultures, partie intégrante de ce festival, célèbre ses 10 ans cette année. Son aventure a débuté sous un chapiteau, dans le parking du Hall Victor Hugo, sous l’impulsion et grâce à l’engagement de quelques bénévoles. Depuis, de nouvelles associations, des librairies, des éditeurs du Luxembourg, de la Grande-Région et de plus loin encore nous ont rejoints. Cela atteste de l’importance de promouvoir les cultures installées au Grand-Duché et de leur contribution à la culture du pays, dans un contact permanent entre les pays d’émigration et les pays d’immigration. Cela témoigne également du caractère unique de cette manifestation à laquelle près de 100 écrivains participent cette année.
Le Luxembourg est un pays culturellement métissé. 2009 vit l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur la nationalité. Plus de 4000 personnes ont acquis la nationalité luxembourgeoise par le principe du double droit du sol et autant l’ont acquise par naturalisation. La majorité de ces « nouveaux Luxembourgeois » sont jeunes, ils ont entre 18 et 37 ans, ce qui démontre leur sentiment d’appartenance à ce pays, qui les a vus naître pour certains, grandir pour d’autres. Il est maintenant du devoir du CLAE d’encourager les personnes plus âgées à profiter de ce nouveau droit. Il est par contre de la responsabilité de l’Etat luxembourgeois de se soucier des personnes immigrées qui vieillissent dans notre pays. Le vieillissement de la population est une problématique qui traverse l’Europe et dont le Luxembourg ne se préoccupe pas assez. Des pensions insuffisantes pour le niveau de vie luxembourgeois et le manque d’adéquation entre les offres et les besoins des structures d’accueil pour personnes âgées sont autant de défis auxquels le Grand-Duché doit répondre. Le CLAE s’engage à faire des propositions au Gouvernement à ce sujet avant la fin de l’année.
Au début de cette année, Le Luxembourg a fait un pas vers une plus large participation démocratique en ouvrant sa fonction publique aux résidents Européens. Cependant, le règlement grand-ducal qui doit permettre la mise en pratique de la loi se fait toujours attendre. Nous demandons que ce dernier respecte ses engagements de ne réserver aux ressortissants Luxembourgeois que les emplois relevant de l’exercice de la puissance publique. Nous regrettons par ailleurs que la loi n’ait pas créé une telle ouverture pour les personnes originaires des pays-tiers.
La loi électorale devrait également être prochainement modifiée pour permettre l’accès aux fonctions de bourgmestre et échevins pour les résidents de nationalité étrangère. Nous relevons cependant le manque d’ambition du gouvernement qui ne désire pas amorcer une réforme en profondeur de cette loi en baissant les délais de résidence pour l’inscription sur les listes électorales. Le CLAE milite pour l’inscription d’office de tous les électeurs d’origine étrangère. Nous appelons cependant tous les résidents qui ne possèdent pas la nationalité luxembourgeoise à se saisir de ces droits politiques en s’inscrivant sur les listes pour les élections communales de 2011, ce qu’ils peuvent faire jusqu’à la mi-juillet de cette même année.
2010 est l’année européenne de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Nous tenons à dire quelques mots au sujet de l’exclusion d’une partie de la société luxembourgeoise. Aujourd’hui, 20% des résidents de nationalité étrangère vit sous le seuil de pauvreté et certaines communautés subissent un taux de chômage très élevé. Si ces statistiques peuvent s’expliquer par le caractère même de l’immigration, souvent d’origine populaire, il est cependant du devoir de notre société démocratique de lutter contre ces inégalités sociales. L’inclusion de tous dans la société passe par un travail garantissant un salaire décent, l’accès à la formation professionnelle, y compris continue, la reconnaissance des diplômes, la valorisation des acquis de l’expérience.
En parlant d’exclusion sociale, l’ASTI vient de nous informer que lundi prochain, 13 personnes seront expulsées de leur habitation. Ceci reflète la pénurie de logements qui touche surtout les tranches les plus faibles de la population. Le CLAE déplore cette situation et demande que des mesures adéquates soient prises.
L’échec du Sommet de Copenhague nous pousse à évoquer la question des migrants climatiques, que nous pourrions également appeler réfugiés. Si ces migrations se font actuellement au sein d’un même pays ou d’un même continent, des migrations vers nos pays ne sont pas à exclure dans un avenir proche. L’Europe doit se munir au plus vite d’un cadre juridique qui inclut les réfugiés climatiques dans la convention de Genève. Il est de la responsabilité historique des pays occidentaux d’accueillir ces migrants, mais également d’accorder une aide substantielle aux pays en voie de développement pour lutter contre le réchauffement climatique. Ces pays ne sont pas responsables des dérèglements climatiques, mais en subissent de plein fouet et en premiers les conséquences. La première aide envers ces pays devrait être l’arrêt de l’exploitation de leurs ressources naturelles par les pays industrialisés. Nos sociétés européennes parlent de plus en plus de développement durable. Celui-ci doit valoir pour tous, et pour tous les peuples. Cette lutte contre le changement climatique doit être commune : nous ne serons pas, nous ne sommes plus épargnés par ce phénomène : les récentes inondations à Madère, en Espagne, en Albanie, ou encore en Italie nous l’ont prouvé.
Après les expulsions, en novembre dernier, de 22 personnes vers le Kosovo, le CLAE a initié une pétition dans laquelle il invite le Gouvernement à ne pas procéder à des expulsions vers des pays où la sécurité n'est pas assurée. Nous luttons pour que personne ne soit expulsé sans que l’ONU n’ait donné toutes les garanties sur les pays de retour, que celles-ci concernent les opportunités de logement, de scolarisation, de recherche d'un emploi et du droit à une vie digne. Le CLAE invite également le Gouvernement à réitérer les engagements qu’il avait exprimés il y a quelques années. C’est-à-dire de faire face de manière plus humaine aux problèmes des familles ayant des enfants scolarisés et soumises à une procédure d'expulsion en ne les renvoyant pas vers leur pays durant l’année scolaire et à réexaminer les dossiers des personnes déboutées du droit d’asile lorsque les mesures d’éloignement n’ont pu être prises dans des délais raisonnables. Nous refusons les expulsions de personnes présentes au Luxembourg depuis plusieurs années et qui ont entamé leur processus d’intégration, malgré les obstacles imposés par la politique gouvernementale.
Cette pétition circule actuellement à travers les stands du festival. Nous demandons à tous, dans un élan citoyen, de signer cette pétition, afin que les droits humains soient respectés.
Je me permets de vous rappeler, pour clore ce discours, que 2010 est l’année du 25e anniversaire du CLAE. Je tiens à remercier tous ceux qui ont œuvré depuis 1985 pour que l’on puisse célébrer cet anniversaire, que nous fêterons cet automne.
Je vous convie, après avoir laissé la parole à Andrea Nicoletti, jeune issu de l’immigration qui va témoigner de ses références culturelles et après les allocutions de Madame Jacobs, ministre de la Famille et de l’Intégration et de Monsieur Helminger, bourgmestre de la Ville de Luxembourg, à une visite des stands et au vin d’honneur offert par la Ville qui se déroulera au Salon du livre. Nous vous invitons à déambuler dans les allées métissées de ce 27e Festival et à vous rappeler que la littérature, le cinéma, la musique, la gastronomie et la vie associative sont autant de passerelles pour rencontrer et découvrir la richesse culturelle de notre pays, où se dessine notre histoire partagée.
Merci à tous.
CLAE

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