"Pour trouver l'inspiration, il me suffit d'ouvrir les yeux"


Le peintre Nelson Neves expose ses œuvres récentes au CLAE. Né au Cap-Vert, il vit au Luxembourg depuis 1980. Il nous offre un regard métissé sur sa culture d’origine et sa culture d’adoption dans une exposition intitulée Inspiração.

Comment avez-vous découvert votre vocation de peintre ?
Nelson Neves : Déjà petit, je dessinais beaucoup. Mes cahiers d’école étaient remplis de dessins. Je me suis mis aux croquis lorsque j’étais adolescent puis me suis équipé pour la peinture. Je travaillais chez moi, dans mon atelier. Je peignais pour moi-même et mes amis, mais je ne pensais pas exposer un jour. Puis Céleste Monteiro, qui était présidente de l’Organisation Capverdienne du Luxembourg, est venue voir mes toiles et m’a encouragé à prendre la peinture plus au sérieux. En 2001, mes œuvres ont été exposées pour la première fois, dans le cadre de la Semaine culturelle du Cap-Vert au Luxembourg. Depuis cette date, Henri Fischbach, secrétaire du Comité Spencer, m’a beaucoup aidé à orgnaiser mes expositions.

Comment définiriez-vous votre style ?
Nelson Neves : Il me suffit d’ouvrir les yeux, de regarder autour de moi. Ce peut être des paysages du Cap-Vert dont je me souviens. Il y a peu de temps, j’étais à Belval et je me suis inspiré de son côté industriel. Depuis le début, je peins mes propres idées, je ne me suis jamais inspiré de quelqu’un d’autre. J’aime certains artistes, mais ils ne me servent pas de références. On a tendance à comparer, sinon, alors que chaque artiste a sa propre personnalité, son propre style. Le Cap-Vert, l’Afrique, sont beaucoup représentés dans mes tableaux, surtout ceux figuratifs. Je n’oublie pas mes origines.

Justement, quels sont vos rapports avec le Cap-Vert ?
Nelson Neves : J’ai quitté le Cap-Vert lorsque j’avais sept ans. C’est valorisant d’y retourner aujourd’hui en tant que peintre. J’ai exposé l’an dernier à Praia dans le cadre de la semaine luxembourgeoise organisée par le Ministère de la Culture et cette année à Mindelo, en collaboration avec l’Alliance française. J’y organise des ateliers de peinture pour les enfants et les jeunes et j’aime transmettre là-bas ce que j’ai appris ici. Je suis par contre déçu par l’attitude de la communauté capverdienne au Luxembourg. Je trouve qu’elle ne s’organise pas assez pour profiter des possibilités offertes par le Luxembourg au niveau artistique. Notre communauté a tendance à organiser toujours les mêmes activités : des bals, des matchs de foot,…. Je trouve que c’est important de s’intéresser à la culture d’un pays ; pour s’intégrer, il faut s’ouvrir. Je vois ce désintérêt également aux expositions que j’organise, ce sont toujours les mêmes personnes qui viennent.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les tableaux que vous allez exposer au CLAE ?
Nelson Neves : Je vais exposer une quinzaine de toiles, que j’ai peint ces deux dernières années. Ce seront plus ou moins les mêmes que celles que j’ai montrées à Mindelo. Ce sont des séries de trois ou quatre tableaux, très colorés, avec beaucoup de mouvement. J’aime travailler les couleurs, certaines reviennent souvent : le jaune, l’orange, le rouge, le noir. Il y a du soleil dans les tableaux que je vais exposer, ils sont très positifs. Peindre est pour moi un moment privilégié, où je ne pense pas aux problèmes.

C’est aussi un moyen d’expression ?
Nelson Neves : Oui, on dit souvent de moi que je suis timide et la peinture me permet de m’exprimer au lieu de parler. Mais je n’exprime jamais des pensées négatives. Je peins avant tout pour me faire plaisir et si mes toiles plaisent également à ceux qui les regardent ensuite, tant mieux.

Propos recueillis par Kristel Pairoux
(In Horizon n°99, novembre 2009)

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