Mieux vivre le présent pour mieux bâtir l'avenir


Depuis octobre 2008, le CLAE intervient dans un foyer d’hébergement pour familles demandeuses de protection internationale situé au Müllerthal, bel endroit qui a mérité d’être surnommé « la petite Suisse luxembourgeoise ». D’ordinaire, on y croise des promeneurs ou des personnes descendues de leur voiture pour jeter un coup d’œil aux petites cascades ou pour photographier les arbres ou les rochers. Et parfois on peut croiser également des personnes sans tenue sportive, ne prenant pas de photos, mais
portant des sachets ou marchant d’un air contrarié. Probablement que ces dernières personnes apprécieraient mieux la nature si leurs conditions de vie étaient meilleures et leurs pensées moins chargées de soucis. Fort probablement que ces personnes sont des habitants du foyer d’hébergement qui se trouve dans une aile du grand hôtel des Cascades. Une aile rendue presque invisible, car sans intérêt touristique.
Une trentaine de familles vit répartie sur trois étages. L’ascenseur ne fonctionne pas et les escaliers sont étroits, les marches assez hautes, ce qui rend les montées et descentes pénibles et dangereuses, notamment pour les enfants en bas âge, les femmes enceintes et, tout particulièrement, lorsqu’il faut monter ou descendre avec des poussettes ou des paquets lourds. Chaque famille occupe une chambre, ce qui n’est pas le modèle idéal pour une vie familiale, mais permet néanmoins de sauvegarder une certaine intimité. Malheureusement, l’entretien des couloirs et des salles de bains, le système d’extraction de la fumée produite par les cuisines et la ponctualité ou justesse du réglage du chauffage ne sont pas à la hauteur d’un hôtel de cette catégorie… De même, un espace de jeux sûr pour les petits fait cruellement défaut.
Si à la considération de l’emplacement du Müllerthal, on ajoute la pénurie des transports publics et le nombre important d’enfants n’ayant pas encore atteint l’âge scolaire obligatoire et ne bénéficiant pas de la maison relais sise à Waldbillig, on comprendra les difficultés voire l’impossibilité pour une bonne partie des femmes de se déplacer en vue de suivre des formations ou de travailler.
Formation et travail : deux termes clés pour chaque personne. Sur le deuxième volet, notre intervention n’est guère possible, du moins de façon directe. Par contre, en ce qui concerne la formation, nous avons jugé indispensable de faciliter l’apprentissage du français et de l’allemand, deux des trois langues officielles du Luxembourg. Actuellement, il y a un groupe pour le français et deux pour l’allemand. Nous avons également programmé – à partir de septembre 2009 – des cours d’informatique, qui permettront – au-delà de la formation dans ce domaine –, de consolider le niveau des langues étudiées. Une internetstuff facilitera aussi le contact des habitants avec leurs familles.
Depuis le 2 juillet une permanence psycho-sociale a lieu une fois par semaine.
Des activités ludiques sont également au programme. Le 18 décembre 2008, nous avions organisé une fête de fin d’année qui a réuni toutes les familles et a permis de clôturer en beauté le premier trimestre d’activité. Des contacts avec la direction de Traffo ont porté des fruits, puisque des enfants résidant au foyer ont pu participer à des activités réalisées en dehors du cadre strictement scolaire. De même, nous avons établi divers contacts qui devraient se consolider à l’avenir, avec des institutrices et des instituteurs de l’école primaire de Waldbillig, avec l’association des parents d’élèves ainsi qu’avec le CAPEL.
Le 21 mars 2009, en vue de rendre visible la population du foyer et de promouvoir une dynamique de rapprochement avec les habitants des communes voisines, en particulier Waldbillig, nous avons organisé un concert avec buffet interculturel. Cette manifestation s’est réalisée dans la salle des fêtes de la mairie, en collaboration avec la commission culturelle, et a remporté un grand succès.
Plus récemment, le CLAE et des personnes résidant au foyer ont participé à la Schoulfest du 12 juillet dernier, à Waldbillig. Le samedi 18 juillet, une fête en plein air est prévue dans la partie arrière de l’hôtel des Cascades, à laquelle les voisins sont invités.
Durant l’été, plusieurs ateliers sont prévus : tricot, crochet, artisanat burundais, peinture, sculpture… et l’association Il était une fois réalisera des activités avec les plus jeunes de la maison. Un programme alléchant ! Avec cela, la bibliothèque continue de s’enrichir grâce aux dons de nombreuses personnes. De petits pas qui ne touchent pas à la racine des problèmes, mais qui devraient enrichir le quotidien de ces familles et d’autres personnes qui, grâce à ces initiatives, ont la possibilité d’être sensibilisés à une partie de la population luxembourgeoise qui trop souvent semble vivre en cachette, manque d’occasions de la rencontrer d’une façon « naturelle ». Une partie de la population du Luxembourg est composée par des personnes qui vivent bien en dessous du niveau souhaitable de reconnaissance et d’exercice de leurs droits, en particulier celui de s’établir dans ce pays comme des citoyens de plein gré.
Espérons que les personnes vivant au foyer, s’appuyant sur les cours et les moments agréables, réussiront à garder la force d’esprit nécessaire pour ne pas se laisser abattre par des circonstances adverses, pour ne pas abandonner ni l’espoir ni leurs projets, pour entamer ou poursuivre des formations, pour garder la conscience de leurs valeurs et toujours aller de l’avant. Ce n’est qu’une première étape du voyage. De(s) nouvelles suivront !
Paca Rimbau Hernández
In Horizon n°97, juillet 2009

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