Step by step, l'association a trouvé un nouvel élan

Le Cercle Culturel Serbe du Luxembourg a près d’une vingtaine d’années. Nous avons rencontré Marko Katanic, membre fondateur et président de l’asbl.

Pouvez-vous nous parler du contexte un peu particulier à l’origine de la création de votre association ?

Le Cercle culturel serbe a été créé en juin 1999. C’était une année de turbulence pour la Serbie avec la guerre du Kosovo, la fin de la présidence de Milosevic ; une ère de grand changement politique. Nous voulions créer une association afin de montrer un autre visage de la Serbie, moins connu. Notre objectif était de promouvoir la culture serbe, de transmettre la langue et l’histoire de notre pays à nos enfants et d’apporter une aide humanitaire aux réfugiés serbes du Kosovo. En janvier 2000, l’association a ouvert l’école serbe qui accueille encore aujourd’hui de nombreux enfants. Nous avons développé nos propres activités culturelles et surtout participé à des événements interculturels du pays comme le Festival des migrations, des cultures et de la citoyenneté avec notamment la venue d’un groupe folklorique serbe  en 2002.

Grâce à l’ancienne association « Yougoslavie » et avec le soutien de la Ville de Luxembourg, nous avons eu l’opportunité de disposer d’un bâtiment à Cents. La Ville nous a ensuite proposé de déménager à Beggen où nous avons créé le Centre culturel serbe qui a été inauguré en 2011.

Au cours de ces années, la figure emblématique de votre association a été son président, Milan Simic...

Oui, durant plus de dix ans, il a été la véritable force de l’association. Son décès en 2013 ainsi que le déménagement de certains membres comme Milenko Keserovic a laissé un grand vide. L’association est restée plusieurs mois « en hibernation ». C’était vraiment dur ! Son souvenir est encore très présent au sein de notre association.

Dans notre comité actuel, nous sommes plusieurs membres fondateurs et nous pouvons dire que c’est à partir de 2013 que nous nous sommes vraiment engagés car il fallait poursuivre le travail de Milan Simic. On s’est retrouvé avec cet ancien bâtiment qui occasionnait des frais auxquels il fallait faire face. Quelle honte pour nous si nous avions abandonné cet espace ! On a sollicité les membres pour le paiement d’une cotisation annuelle de 50 euros, on a organisé des rencontres pour recueillir des dons, notamment pour l’école qui a continué de fonctionner une à deux fois par mois grâce à l’engagement bénévole de l’enseignante.

Avez-vous finalement trouvé un nouvel élan ?

En 2014, il y a eu de terribles inondations en Serbie et en Bosnie. Ce fut une immense catastrophe avec des morts et beaucoup de dégâts. Nous avons ouvert les portes de notre bâtiment pour récolter des dons en faveur des victimes et des régions dévastées. Et beaucoup de gens sont venus apporter leur aide, nous soutenir dans cette campagne humanitaire. Nous avons récolté environ 4.000 euros et chargé un camion de 22 tonnes pour les sinistrés. Ce fut un véritable tournant pour notre association. Vous savez, on est presque reparti de zéro. Et, step by step, l’association a trouvé un nouvel élan. En 2016, nous nous sommes sentis nombreux, grâce aussi à notre communication sur Facebook où nous avons presque 600 personnes qui nous suivent. C’est très important.

Les objectifs du Cercle culturel serbe ont-ils changé ?

Nos objectifs principaux sont toujours de faire connaitre la culture serbe et de transmettre la langue et l’histoire de la Serbie aux enfants. Etre une plateforme de rencontre entre le Luxembourg et la Serbie reste important car beaucoup de nos membres ont une double nationalité luxembourgeoise-serbe ou française-serbe. Nous avons renforcé les liens avec l’ambassade de Serbie à Bruxelles qui, lors de ses passages au Luxembourg, fait une permanence chez nous. Nous sommes aujourd’hui plus nombreux et l’association a évolué vers davantage d’ouverture et de communication avec l’extérieur.    

Quelles sont vos activités ?

Notre école serbe est un pilier important. Au total 20 à 25 enfants de 6 à 13 ans la fréquentent. Certains sont nés au Luxembourg, d’autres non. Beaucoup sont issus de mariages mixtes. L’école dispense une connaissance de base de la langue serbe pour pouvoir communiquer. Nous organisons un ensemble d’activités pour les enfants, des fêtes, des rencontres pour nos sympathisants. Les portes ouvertes sont aussi l’occasion d’accueillir des personnes d’autres nationalités. On a envie d’être ouvert à tout le monde.

C’est dans cette perspective que nous avons aussi de plus en plus le désir de prendre part à des événements du pays, comme il y a un mois et demi* où nous avons participé à une fête qui a réuni toutes les cultures de l’ex-Yougoslavie. Depuis deux ans, nous sommes présents au festival CINEAST de Luxembourg.

Après une longue absence, nous sommes revenus cette année au Festival des migrations, des cultures et de la citoyenneté avec un stand de produits artisanaux et alimentaires de Serbie. Nous avions aussi mis l’accent sur une présentation des sites touristiques car les gens ne connaissent pas la Serbie, ni Belgrade. Certains ont encore en mémoire les périodes de turbulence. Or le pays est en train de se développer au niveau touristique. Cette participation au festival était très importante ; elle nous a permis d’avoir beaucoup de contacts avec d’autres associations, avec du public.

Et vos projets à venir ?

Le 18 juin, nous serons à la « Fête de l’Amitié » organisée par la commune de Hesperange.* A l’automne, nous présenterons avec l’association serbe Ozren une soirée humanitaire. Nous avons envie de proposer une pièce de théâtre. Nous travaillons également sur une exposition de photos autour des deux villes Belgrade et Luxembourg. Cette soirée aura lieu le 14 octobre à Hesperange, au Centre civique. Nous sommes sur un chemin positif.

Propos recueillis par Claudine Scherrer
Publié dans FAIRE SOCIETE ENSEMBLE n°8 - juillet 2017 édité par le CLAE services asbl

Cercle Culturel Serbe asbl

31, rue Jean-Baptiste Nothomb
L-2232 Luxembourg

skc.lux@gmail.com

Facebook : Cercle Culturel Serbe Luxembourg

Photo : 34e Festival des migrations, des cultures et de la citoyenneté 2017 © Cercle Culturel Serbe

* Entretien réalisé le 1^er juin 2017