Crises : le festival espace de ressources, d’inventions et d’engagements citoyens.
29ème Festival des migrations, des cultures et de la citoyenneté, Luxembourg
Affiche Michel Sabbatini |
Prométhée est
mort. Ils l’ont assassiné et nous changeons alors de monde. Pendant trente ans,
les trentes glorieuses se sont couchées avec lenteur et soubresauts. Dans la
poussière des royaumes d’idées du XXe, des rêves et un siècle s’estompent.
Comme ces hauts fourneaux majestueux qui sur les terres rouges tanguaient une
seconde après les explosions et s’affaissaient avec grâce dans les poussières
de crasse à Dudelange, Esch, Longwy, Hayange, Liège, Bilbao, Vitkovice et
Völklingen. Les anciens et les vieux nous parlaient de la misère, de la terre
qui ne nourrit pas, des pensées politiques injustes et totalitaires et nous
pensions que la geste de leur solidarité serait un héritage, un mur contre les
pauvretés. Nous changeons de monde et les solidarités sont à re-tisser. Les
lieux des immigrations dans nos pays n’ont pas changés, les lieux des
émigrations ont suivi les guerres et la pauvreté. Mais les raisons des départs
restent les mêmes et la dignité du devenir des familles toujours au centre du
voyage. Les terres industrielles et les centres économiques restent encore les
lieux de mémoire principaux de la venue de nombreuses de nos familles. Cette
histoire chuchotée dans les épopées familiales doit maintenant prendre figure dans le patrimoine des pays
d’accueil et de départ. La mémoire des immigrations et des émigrations n’est
pas encore écrite. Comment continuer à ignorer que cet oubli, cette anamnèse,
ce passé qui s’échappe sous nos pas de citoyen, nourrissent aussi les conflits,
les crises existentielles individuelles et collectives et renforcent les
tensions sociales et économiques.
Les
associations issues de l’immigration, les acteurs de la société civile, depuis
plus d’un siècle ont posé des actes, des projets de solidarités. Le festival
avec l’ensemble du mouvement associatif est héritier de nombreuses mémoires
partagées et représente un espace de transmission d’une éducation populaire.
Lieu d’héritage il est d’abord un lieu d’inventivité, de débats, de
propositions, de créations. Un lieu des possibles. Une scène des expressions
communes des lendemains. Prométhée n’est plus immortel dans nos régions. Le
paradigme est dans l’abime. Mais au festival, mille feux brillent encore.
RJP/CLAE
www.clae.lu
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