Aguilux, la toute jeune et unique association guinéenne du Luxembourg


Pour ce numéro de rentrée, nous vous proposons de faire connaissance avec l’Association des Guinéens et Amis de Luxembourg (Aguilux). Nous avons rencontré Ibrahim Diallo et Alpha Barry, respectivement président et secrétaire de l’asbl.  Ils nous présentent les projets et objectifs de l’association créée il y a deux ans et évoquent également la situation actuelle de la Guinée.

Ancienne colonie française, la Guinée subit depuis plus de cinquante ans un autoritarisme politique exercé par les présidences successives. Les élections législatives, prévues à l’origine en 2011 et reportées à plusieurs reprises auront lieu le 24 septembre.

Pouvez-vous nous parler de la création de votre association ?
L’idée de créer une association est venue à l’occasion d’une rencontre familiale traditionnelle, en mars 2011. Nous avons pensé qu’une structure associative serait la bienvenue pour accueillir les Guinéens du Luxembourg et notamment les primo arrivants. Certains parmi nous avaient par ailleurs déjà une certaine expérience de la vie associative. C’est ainsi qu’Aguilux a été créée en septembre 2011. Nous sommes une toute jeune structure qui regroupe des personnes qui ont grandi en Guinée, dans d’autres régions d’Afrique ou en Europe. Certains membres ont la double nationalité portugaise, française ou espagnole... Mais tous, nous nous sentons Guinéens. Actuellement il y a environ une centaine de personnes d’origine guinéenne au Luxembourg et Aguilux est la seule association guinéenne du pays. On confond souvent la Guinée avec la Guinée-Bissau dont la culture est représentée par plusieurs associations au Luxembourg.

Quels sont les principaux objectifs de l’association ?
Notre objectif premier est de créer du lien social car c’est le ciment de la relation humaine. Nous voulons donner aux Guinéens et amis de la Guinée des opportunités de se rencontrer par le biais d’activités ou de projets. Nous souhaitons aider les primo-arrivants à s’orienter au Luxembourg, que ce soit pour la recherche d’un logement, de cours de français, de démarches administratives.

Promouvoir la culture guinéenne au Luxembourg est bien sûr également un objectif important de notre association. Nous constatons que souvent les personnes ont une perception spontanée de la culture de certains pays d’Afrique, comme par exemple pour le Sénégal alors que la culture guinéenne est totalement méconnue. Voilà pourquoi nous souhaitons montrer le rayonnement et la beauté de notre culture à travers l’art (la sculpture, la peinture ou la musique), à travers l’habillement et les traditions culinaires.

Quelles activités avez-vous réalisées ?
Nous sommes une toute jeune association et n’avons pas encore eu le temps de développer de nombreuses activités. Néanmoins, dans le prolongement de l’aide que nous proposons aux primo-arrivants, nous organisons des cours de langues et des cours d’initiation à l’informatique. Nous avons participé à des rencontres internationales d’associations guinéennes à Bruxelles, à Barcelone et en Italie. Tous les continents étaient représentés. Le but de ce réseau est de contribuer à l’émergence d’une diaspora guinéenne, d’être en lien avec la situation du pays et de mettre en place des choses pour renforcer la Guinée, notamment sur le plan de l’économie et de la santé. Notre association est très active dans ce réseau. L’ancien modèle était de créer une association pour aider un village. Nous voulons agir ensemble pour une région (un pays), pour construire quelque chose de durable, pour attirer l’attention sur la Guinée.

Justement, pouvez vous nous parler de la Guinée et notamment de la période de violence, d’instabilité politique actuelle ?
La Guinée est un pays qui dispose de richesses naturelles, un pays dont la terre est fertile. Mais c’est un pays qui est toujours à la conquête de la démocratie. Le tissu social de la Guinée se déchire. On entretient les tensions ethniques. Un lien existe entre les différentes ethnies mais ce lien est nié et cela porte atteinte à la stabilité du pays. Ce n’est pas l’image de la Guinée que nous connaissons. La population ne demande qu’à travailler la terre, à exploiter les richesses naturelles. Nous craignons que les générations passent et que la situation reste.

Envisagez vous également des projets en direction de votre pays d’origine ?
Nous avons à plusieurs reprises évoqué dans l’association l’idée de se procurer du matériel hospitalier inutilisé pour les acheminer en Guinée.  Mais pour l’instant, nous ne savons pas encore comment effectuer ce genre de démarches auprès des hôpitaux de Luxembourg. Nous réfléchissons également à l’organisation d’une conférence sur la Guinée.

Pour conclure cet entretien, qu’aimeriez vous rajouter ?
Je n’avais jamais imaginé vivre au Luxembourg et aujourd’hui, je n’ai plus envie de partir. Il y a au Luxembourg un brassage des cultures, un cadre d’éducation pour les enfants, un environnement rassurant et sécurisant. Je vis depuis une dizaine d’années en Europe et depuis deux années au Luxembourg et c’est ici dans ce pays que je me sens réellement en Europe. Pour terminer, il nous tient à cœur de dire que toute personne et toute association qui souhaite collaborer avec nous est la bienvenue à Aguilux.

In Horizon n°120, septembre 2013

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